Sur le vif
18 mai, la tentation du bien
Le 18 mai prochain, la gauche vous appelle à voter pour l'établissement d'un salaire minimum. Sur le fond, la cause est juste; juste comme doit l'être le salaire du travailleur. Réclamer le juste salaire du travail de l'homme est une cause noble. Adopter une attitude libérale qui tendrait à nier que la situation de certains salariés n'est pas acceptable ne serait pas la bonne réponse. Reste que, comme souvent à gauche, l'idéologie prime sur la réalité pratique et le discernement vient toujours à manquer à ces intentions d'une pureté exemplaire dont l'enfer social se pave inexorablement. Résultat des courses, les échecs se succèdent inévitablement et dressent, pierre par pierre, la conviction que cet autre monde qu'il nous promettent n'est pas possible et qu'un ultra-libéralisme désenchanté est la seule alternative. Ce n'est pas un hasard si le matérialisme écrasant que nous connaissons aujourd'hui éclot quarante ans après la révolution de 68 - le temps qu'il a fallu à ceux qui l'ont faite pour devenir rentiers - qui a échoué une multitude de bonnes idées sur le rempart des jalousies de classe. Prenant le patron pour un ennemi, le socialisme a pris le parti de lui imposer de force le partage des biens et s'apprête à faire aux emplois ce que le communisme a fait aux terres avant lui. Cette imposition par force de loi interdit toute adaptation et, par voie de conséquence, toute échappatoire humaine, durcissant un conflit à l'issue duquel toute le monde sort perdant. La conséquence attendue apparaît criarde, les initiants, qui n'y ont pas pensé à temps, refusent désormais de la reconnaître, la rigidité du texte effondrera les petits salaires au niveau de la limite inférieure et détruira ceux qui n'y parvenaient pas. Les exemples proches de nos pays voisins sont légion, alors on nous explique qu'ils ne valent pas. A l'origine, l'idée était bonne, on voulait venir en aide aux pauvres gens. Au crible de la dure réalité, cette nouvelle loi pourrait bien les précipiter dans la misère. On vous demande de voter pour que tout le monde danse main dans la main autour d'un pot égal, dans les faits, on risque de fabriquer une humanité de seconde zone, asservie aux assistances et qui perdra jusqu'au goût de sa propre dignité. L'histoire est pleine des ces hommes et de ces femmes laissés pour compte sur le carreau des utopies. Le mal sous apparence de bien.
On vous demande aussi de refuser d'acheter des avions de combat pour préférer investir dans... l'éducation. C'est beau l'éducation, c'est bien, mais comment a-t-on pu oublier ces enfants de France forcés de parler allemand dans leurs écoles quelques semaines seulement après la déclaration de la dernière guerre ? Comment a-t-on pu en venir à opposer guerre et éducation ? Quelle étrange construction idéologique répond éducation quand on lui dit guerre ? Les envahisseurs, comment gagnent-ils sans intelligence ? Et les éduqués, comment peuvent-ils perdre avec toute leur instruction ? Ou serait-ce alors qu'une idéologie sommairement manichéenne attribuât la force aux brutes et le bon droit de l'intelligence aux faibles. Mais comment donc alors les éduqués ne feraient-ils pas le choix de s'armer pour contrer la violence des brutes incultes ? Ca n'a pas de sens ! La gauche ne pense pas plus loin: la guerre c'est mal, l'éducation c'est bien, c'est tout le choix que l'on présente aux votants. Mais comment manquer à ce point d'éducation pour ignorer les ressorts de la nature humaine ? Comment affubler la propagande grossière d'un parti - qui place les hommes en classes et les classes en lutte - du titre d'"éducation", et croire, parce qu'on y a cru soi-même, que tout le monde va y croire et qu'il suffit d'y soumettre l'homme pour que celui-ci s'en satisfasse. Quelle méconnaissance de l'homme ! Mais voilà, le slogan claque, la pensée est dévoyée, l'homme déresponsabilisé. Une arme, entre les mains d'un homme conscient, n'est plus un instrument de mort mais de vie. Le socialiste, qui dit vouloir élever l'homme, ne voit pas l'homme derrière l'objet, il ne voit pas celui qui tient l'arme. L'arme est mauvaise en soi, parce qu'il le dit, l'intention de l'homme ne peut rien pour l'objet, pour le monde. Le socialisme ne croit pas en l'homme, il s'en méfie, il s'en garde, c'est pourquoi il le désarme, intellectuellement, matériellement, peu importe qui il est. Or, ne sont-ce pourtant pas leurs armes qui ont permis à nos ancêtre de conquérir et préserver ces libertés si bonnes dont nous sommes si fiers, qui ont garanti notre paix, notre culture de paix, notre éducation, notre intelligence de la paix ?
On vous demandera enfin de refuser un texte d'initiative demandant que celui qui a été condamné pour avoir violé, martyrisé, un enfant n'exerce plus de poste à responsabilité auprès des enfants. L'on vous demande de le refuser au prétexte que ce texte ne fera rien de bien pour les enfants. Là, l'obéissance aveugle n'y suffit plus, par quel miracle une proposition aussi claire, aussi simple, ne peut-elle déployer les effets de sa clarté et de sa simplicité ? Les réponses qui ont été ânonnées par les autorités morales du parti sont au-delà de la confusion. Comment se fait-il que ces gens-là puissent ne pas vouloir cela, qu'ils aient dépensé tant d'énergie pour nous priver de cela ? Et il s'agit là d'un tournant unique dans leur histoire, pour la première fois, l'idéologie est à nu. La crudité de la situation est telle que plus rien ne sert à la recouvrir, ni slogan, ni formule, ni pureté d'intention. Le résultat est là, on propose d'interdire aux pédophiles de fréquenter des enfants, et le parti socialiste est contre et ne sait pas vraiment nous dire pourquoi. Ce qui est neuf, c'est de voir l'aisance avec laquelle tous ses adeptes s'accommodent de la chose, préférant la servitude des habitudes aux sursauts de la conscience. Et cet accident de la pensée éclaire toutes les revendications antérieures d'un jour nouveau, toutes les prétentions au bien de la gauche depuis des décennies s'expriment, se traduisent, dans ce refus inexplicable de la protection du plus petit et du plus faible. Puisqu'elle ne veut pas protéger les enfants des pédophiles, tout est faux, les apparences tombent, elle, la gauche, ne veut pas plus protéger les travailleurs contre les patrons, les éduqués contre les reîtres. Que veut-elle alors ? Le pouvoir, comme les autres, comme tout le monde. Ce flot de bien-pensance et de bons sentiments était l'artifice et le véhicule nécessaire d'une idée qui est si loin de l'homme qu'il lui fallait au moins cela pour ne pas être révélée.
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Via: lesobservateurs.ch
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