Sa blondeur, ses yeux clairs, son air angélique la rendent presque méconnaissable. Avant l'audience de ce mercredi, la seule image publique d'Iana Zhdanova, militante Femen de 26 ans, était celle des photos prises dans l'enceinte du musée Grévin, le 5 juin dernier.
Ce jour-là, la jeune femme d'origine ukrainienne était entrée dans l'enceinte du Mme Tussauds français. Une fois dans la salle des chefs d'Etat, au milieu des répliques de François Hollande, Angela Merkel et Barack Obama, elle avait retiré sa veste, sorti un pieu, enfourché la statue de cire du président Russe Vladimir Poutine avant de la frapper au niveau du torse et de l'abdomen la statue et d'être interpellée.
"Menace sur la paix mondiale "
Le musée Grévin a porté plainte. Près de trois mois après les faits, alors qu'elle est poursuivie pour "dégradation de bien appartenant à autrui" et "exhibition sexuelle", Iana a expliqué ce 17 septembre son geste au tribunal, qu'elle qualifie de "signe de protestation".
" Si j'ai détruit la statue de Poutine, c'est parce que je suis étonnée que dans la capitale de la démocratie, il y a la statue d'un dictateur qui menace la paix mondiale. En plus ici, je n'ai jamais vu de statue de Hitler ou de Mussolini" a détaillé la militante née en Ukraine en février 1988. "Emprisonnée à deux reprises dans son pays pour des actions militantes" et "harcelée par les services russes" selon son avocate Marie Dosé, Iana craint aujourd'hui. " Toute ma famille et tous mes amis sont en danger actuellement, a-t-elle indiqué. J'ai voulu faire passer un message ".
Et "Casse-toi pov'con"
" La liberté d'expression est-elle une clause exonératoire de la sanction pénale ?" s'est interrogée de son côté l'avocate du musée Grévin. "Des témoins ont parlé de la représentation de la violence, ce, dans la salle des chefs d'Etat " a-t-elle ajouté. Le procureur a été dans ce sans, insistant lui aussi sur le fait que les dégradations étaient "établies, caractérisées, reconnues et revendiquées". "Compte tenu du lieu, des personnes qui y sont accueillies, le délit est caractérisé" a estimé le représentant du ministère public qui a requis 1500 euros d'amende.
L'avocate de Iana a elle plaidé la relaxe. Marie Dosé a en effet surfer sur la vague d'un arrêt rendu par la Cour européenne des droits de l'homme à la faveur d'Hervé Eon, plus connu pour son affichette "Casse-toi pov'con" contre Nicolas Sarkozy brandie en 2008.
En mars 2013, la Cour avait en effet jugé "disproportionné" le recours à une sanction pénale contre cet homme, recours qui risquait selon elle d’avoir "un effet dissuasif sur des interventions satiriques qui peuvent contribuer au débat sur des questions d’intérêt général". "L'impertinence satirique comme la forme artistique des Femen est indéniable" a assuré Marie Dosé rejetant également l'accusation d'exhibition sexuelle voyant la poitrine dénudée comme un "support d'un message politique". Le jugement a été mis en délibéré au 15 octobre.
Via: metronews.fr
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