Comment êtes-vous arrivée à Paris ?
Le 17 août dernier, j'ai fait une performance à Kyiv, pendant laquelle j'ai abattu une croix orthodoxe à la tronçonneuse, pour protester contre l'incarcération des Pussy Riot. Depuis, des policiers en civil me suivaient partout, jour et nuit. J'ai aussi reçu des menaces de mort. Un matin, des hommes sont venus forcer la porte de mon appartement. J'ai eu quelques secondes pour prendre mon passeport et mon portable et je me suis enfuie par le balcon. De là, mes amis m'ont emmenée dans un petit village où j'ai pu prendre le train jusqu'à Varsovie. Puis je suis arrivée à Paris.
Vous êtes connues pour vos performances topless. Pourquoi avoir choisi un mode d'expression aussi radical ?
Nous avons lancé les Femen en 2008. A l'époque, nous cherchions un moyen de faire entendre la voix des femmes. On a tout essayé, les déguisements exubérants, les manifestations. Puis on s'est rendues compte que si on voulait attirer l'attention, il fallait qu'on mette notre corps en jeu. Et ça a marché. Notre nudité a été la clef. Une nudité qui n'est pas contrôlée par les hommes.
Que représentent les Femen aujourd'hui ?
Nous avons des "sextivistes" partout dans le monde, à Londres, à Paris et même au Brésil. Nous sommes le nouveau féminisme, un mouvement de la rue, qui n'est pas cantonné aux conférences ou aux colloques. Dès que la liberté des femmes sera en jeu, Femen sera là. Nous luttons contre l'oppression religieuse, la dictature et l'industrie du sexe. Sur ces trois points, nous attaquons systématiquement.
C'est un vraie armée !
Oui et d'ailleurs nous allons installer notre camp d'entraînement ici, au Lavoir Moderne, pour entraîner les féministes du monde entier. Etre une Femen est dangereux. Nous faisons des actions extrêmes, violentes, agressives. Il faut être préparée, à la fois physiquement et mentalement. Il faut être prête à faire de la garde à vue, à être menottée, à être malmenée par les autorités.
Avez-vous déjà eu peur pendant l'une de vos actions ?
Oui, en Biélorussie, nous avons été emmenées, de nuit, par des policiers dans une forêt. Ils nous répétaient qu'ils allaient nous tuer. Ils nous ont arrosées d'essence et coupé nos cheveux. J'ai eu très peur, mais en même temps, j'ai réalisé la force que nous avions. Ces hommes, armés, avaient peur de trois femmes nues.
Vous avez 22 ans. Comment vous voyez-vous dans dix ans ?
Je serai encore une Femen. J'ai vraiment trouvé ma voie, mon combat. Ça fait quatre ans maintenant que je suis dans la contestation. J'ai compris que ce monde était encore un monde d'hommes et que les femmes n'étaient que leurs instruments. Je suis contente de l'avoir compris et de pouvoir lutter contre ça.
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Via: metrofrance.com
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