Elle était déjà poursuivie pour dénonciation mensongère. L'ancienne Femen tunisienne Amina Sboui, qui prétendait avoir été agressée début juillet par des salafistes à Paris, reconnaît dans une lettre avoir tout inventé.
"C'était un mensonge"
La militante avait porté plainte le six juillet, affirmant que cinq "islamistes" avaient entrepris de lui raser les cheveux et les sourcils. Toutefois, quelques jours plus tard, elle avait été brièvement placée en garde à vue, soupçonnée de "dénonciation mensongère". Elle maintenait jusqu'à présent sa version. "Aujourd'hui je publie cette déclaration pour dire devant toutes et tous que c'était un mensonge" affirme-t-elle dans sa "Lettre à toutes et à tous" datée de mercredi.
Dans ce courrier dont Libération raconte la genèse, la militante féministe âgée de 19 ans fait amende honorable en évoquant ses difficultés personnelles. La jeune femme évoque la culpabilité qu'elle a ressentie après ce mensonge: "Je fais du tort à la cause que je défends si ardemment, à savoir celle des droits des femmes". "Par ce mensonge, je suis consciente que je jette le discrédit sur la parole des victimes de violences sexistes et des intégrismes, quels qu'ils soient", ajoute-t-elle, en expliquant son geste par sa jeunesse instable.
"Dès l'âge de 17 ans, ma vie a été traversée par le militantisme radical, la prison, les procès, la médiatisation précoce avec le mouvement Femen, que j'ai quitté dans des conditions difficiles, la précarité financière en France et les violences que j'ai subies de la part de ma famille ou de mes ennemis idéologiques", écrit-elle.
Pour Libération, elle décrit son geste comme "un appel au secours pour mes amis, mes proches, ce n'était pas adressé à la presse ou à la police". La pression médiatique l'aurait piégée dans son mensonge: "Le problème, c'est qu'il y a plein de journalistes qui me suivent, qui ont commencé à m'appeler, à écrire dessus. Je ne pouvais plus dire que c'était un mensonge."
Les Femen "islamophobes"
Amina Sboui a fait deux mois et demi de détention provisoire en Tunisie en 2013 pour avoir peint le mot "Femen" sur le muret d'un cimetière de Kairouan (150 km au sud de Tunis) afin de dénoncer la tenue d'un rassemblement salafiste. Après avoir reçu des marques de soutien des autres Femen, elle avait décidé de quitter ce mouvement féministe en dénonçant son "islamophobie", et en questionnant son financement. Elle était arrivée à Paris en août 2013 avec l'intention d'y passer son bac de français, selon Libération. Cette année, elle est en terminale.
Amina Sboui devra s'expliquer devant la justice dans les semaines qui viennent. Elle doit d'abord être jugée le 8 octobre pour dénonciation mensongère après cette fausse agression. Ensuite, elle devra comparaître au tribunal correctionnel pour violences en état d'ébriété après une bagarre en août à Paris.
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