La Femen tunisienne Amina a été remise en liberté… conditionnelle, dans l’attente de son procès pour «profanation de sépulture».
Seconde bonne nouvelle en moins d’une semaine pour la «première Femen tunisienne». La justice tunisienne a ordonné ce jeudi la libération immédiate d’Amina Sboui (initialement appelée Amina Tyler, avant que son vrai nom ne soit dévoilé). Son comité de soutien a confirmé l’information, indiquant qu’une conférence de presse serait bientôt organisée à ce propos. «Pour l'instant, laissons Amina se reposer et profiter du moment de la rencontre avec sa famille», lit-on sur la page Facebook du groupe. L’effrontée n’en a toutefois pas fini avec la justice. Comme Inna Shevchenko, cofondatrice du mouvement féministe venu d’Ukraine, l’avait indiqué à Paris Match lundi, la jeune femme de 19 ans est toujours inculpée de «profanation de sépulture» pour avoir tagué «Femen» sur le mur du cimetière de Kairouan (Centre).
«Il s’agit du principal fait pour lequel elle est poursuivie, et encourt 5 ans de prison», avait-elle précisé, citant son avocat en Tunisie. Aucune date de procès n’a encore été fixée. La blonde basée à Paris depuis un an, nous avait également fait part de la requête de Me Halim Meddeb, mais n’osait y croire au vu des incohérences dont les autorités tunisiennes ont fait preuve jusque-là dans ce dossier. «Cela fait plus de deux mois qu’elle est écrouée pour un tag, alors comment pourrions-nous avoir confiance en la société tunisienne actuelle?», s’était-elle interrogée. Et alors qu’Amina venait de bénéficier d’un non-lieu dans le volet de «l'outrage à un fonctionnaire public», Inna Shevchenko rappelait que «ces chefs d’accusation avaient été préparés avant les faits» qui ont été reprochés à la Tunisienne. Par conséquent, «le juge n’avait pas le choix» estimait-elle, soulignant que «cela ne change[ait] rien au fait que (sa consoeur) rest[ait] emprisonnée injustement.»
Libre, même derrière les barreaux
Amina était écrouée depuis le 19 mai pour ce tag, et a déjà écopé d’une amende de 300 dinars (confirmée en appel le 11 juillet) pour port illégal d’engin incendiaire (en l’occurrence un spray d’autodéfense). Depuis sa cellule, la militante a écrit une lettre au peuple tunisien, rendue publique le 19 juillet. «Je n’ai pas peur, assurait-elle. Que l'on me garde en prison peu m'importe! Je ne suis pas folle, je suis libre», affirmait-elle, alors que sa famille avait invoqué sa fragilité psychologique pour justifier leur décision de l’enfermer chez elle contre son gré –avant qu’elle ne s’enfuie et poursuive le «topless djihad». «Je suis derrière les barreaux mais je me sens plus libre que beaucoup d'autres qui sont à l'extérieur», insistait la féministe. Et l’icône de la liberté de conclure: «Être derrière les barreaux n'est pas plus dur que d’être à l’extérieur à regarder la dictature religieuse s'emparer de la Tunisie».
Pour suivre les derniers développements de l'affaire:
La page Facebook du comité de soutien à Amina, Free Amina.
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Via: parismatch.com
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