La militante tunisienne Amina Sboui, libérée début août après deux mois et demi de prison, a annoncé ce mardi quitter les Femen. La jeune femme de 19 ans ne veut pas être associée à "une organisation islamophobe" et dont le système de financement est opaque.

La publication de sa photo seins nus sur Facebook a fait d'elle une icône de la cause féministe sur la toile, mais lui a valu des menaces de la mouvance salafiste. Amina Sboui, jeune Tunisienne, a été arrêtée à Kairouan le 19 mai dernier, après avoir peint le mot "Femen" sur le muret d'un cimetière. Elle est alors maintenue en détention pour "profanation de sépulture et atteinte aux bonnes mœurs". Plusieurs actions du mouvement féministe se succèdent ensuite pour dénoncer l'arrestation. Le 29 mai, trois militantes, deux Françaises et une Allemande, manifestent seins nus devant le palais de Justice de Tunis. Elles sont alors condamnées à quatre mois avec sursis. Elles quitteront finalement la Tunisie après un mois de détention. Le 1er août, Amina Sboui sort à son tour de prison.

Après de nombreuses manifestations médiatisées, la militante annonce aujourd'hui quitter définitivement les Femen qu'elle juge islamophobes. "Je ne veux pas que mon nom soit associé à une organisation islamophobe. Je n'ai pas apprécié l'action où les filles criaient "Amina Akbar, Femen Akbar" devant l'ambassade de Tunisie en France, ou quand elles ont brûlé le drapeau du Tawhid devant la mosquée de Paris... il faut respecter la religion de chacun" déclare la jeune femme dans une interview accordée au Al Huffington Post, version maghrébine du Huffington Post. La militante évoque ici deux actions menées alors qu'elle était en détention en Tunisie. Le tweet d'Inna Shevchenko, la leader des FEMEN, publié en juillet dernier, a sûrement poussé la jeune Amina à prendre cette décision : "qu'est-ce qui peut être plus stupide que le Ramadan ? Qu'est-ce que qui est plus moche que cette religion ?"

Amina Sboui remercie néanmoins les manifestations de soutien des militantes, mais regrette certains rassemblements. "Il y a eu de bonnes actions, mais pas toutes. Elles auraient dû se renseigner auprès de mes avocats... cela a aggravé mon cas. Un autre chef d'inculpation, "association de malfaiteurs", a été émis à mon encontre alors que j'étais en prison" précise-t-elle. La jeune femme dénonce également un financement opaque. "Je ne connais pas les sources de financement du mouvement. Je l'ai demandé à plusieurs reprises à Inna, mais je n'ai pas eu de réponses claires".

Inna Shevchenko, qui n'était pas au courant de cette décision, n'a pas du tout apprécié les critiques d'Amina. La leader du mouvement féministe a d'ailleurs réagi sur Twitter en dénonçant une trahison.

"Amina n'a pas trahi FEMEN, mais des milliers de femmes qui ont mené la campagne "Free Amina", grâce à qui elle est libre maintenant." Inna
— FEMEN France (@Femen_France) August 20, 2013

Marguerite, une des Françaises emprisonnées en Tunisie pour avoir manifesté seins nus devant le palais de Justice à Tunis en faveur de la libération d'Amina, regrette que cette dernière claque la porte de l'organisation. Pour les Femen, Amina "joue le jeu des islamistes".

Il y a à peine quatre jours, Amina publiait une photo seins nus sur les réseaux sociaux via le compte Femen France. Elle protestait alors contre la fausse démocratie des islamistes tunisiens.

FEMEN affirme que cette image n'a rien d'obscène ni de pornographique. Son contenu est politique. FUCK YOUR MORALS! pic.twitter.com/wqOaRhYDkt
— FEMEN France (@Femen_France) August 15, 2013

Amina Sboui n'abandonne pas pour autant son combat. La militante pourrait désormais se rapprocher du mouvement tunisien Feminism Attack. "Je réfléchis encore" déclare-t-elle avant d'ajouter "le problème en Tunisie n'est pas le parti Ennahda ou la personne de Rached Ghannouchi, le problème c'est tout le système".

Article écrit par Donia Hachem

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