Amina, Yasser Arafat tatoué sur le bras

free aminaC’est avec un petit air de défi qu’Amina, la Femen tunisienne a comparu ce lundi 22 juillet, devant le tribunal cantonal de M’saken, pour «outrage et diffamation de fonctionnaire», après avoir dénoncé des mauvais traitements dans la prison où elle est incarcérée depuis deux mois. La justice a reporté le verdict au 29 juillet.

Amina est apparue devant ses juges, en T-shirt rose exhibant le portrait de Yasser Arafat, le symbole de la résistance arabe et de la cause palestinienne, tatoué sur son bras. Comme si la jeune fille, du haut de ses 19 ans, invoquait les mânes du martyr qui a si longtemps vécu en Tunisie, échappant providentiellement aux bombardements sionistes de Hammam Chatt. Amina affiche ainsi sa détermination, et la volonté farouche qui l’anime, qui semble transpirer de tous les pores de sa peau.  

La défense a demandé l’acquittement et l’annulation des poursuites pour «graves vices de procédure» dans cette «affaire montée» à la suite des révélations faites par Amina et relayées par son avocate Radhia Nasraoui sur des cas de torture et de mauvais traitements à l’égard de prisonnières. «Je suis jugée parce que j’ai dénoncé la torture et la violence exercées à l’égard des détenues» a déclaré Amina à l’AFP en prenant place sur le banc des accusés.

amina

S’adressant ensuite au juge,  Radhia Nasraoui a déclaré que «les tortionnaires doivent être poursuivis et condamnés», avant de lancer sous les applaudissements de ses sympathisants en quittant la salle d’audience : «la Tunisie est un Etat civil et ses femmes sont libres».

«L’incident dans la prison a eu lieu lorsqu’Amina a réagi en voyant sa co-accusée Rabiaâ punie par cinq heures de station debout sous un soleil de plomb pour avoir refusé de saluer les gardiennes. Amina et sa co-accusée risquent un an de prison pour outrage à un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions et six mois de prison pour diffamation», selon le témoignage de l’un des avocats de la défense Ghazi Mrabet, cité par l’Afp.

amina à Kairouan

En attendant, le feuilleton Amina continue. Arrêtée le 19 mai pour avoir peint le mot «FEMEN» sur le muret d’un cimetière à Kairouan, condamnée au versement d’une amende pour possession illégale d’aérosol d’autodéfense, elle est maintenue en détention le temps que la justice décide d’une éventuelle inculpation pour profanation de sépulture et atteinte aux bonnes mœurs.

Mais les organisations internationales de défense des Droits de l’Homme se mobilisent. Ainsi, pour Human Rights Watch, « le ministère public a l’air d’accumuler contre Amina Sboui une masse d’accusations qui ne semblent pas avoir grand-chose à voir avec ce qu’elle a pu faire (…) les graves accusations contre Amina semblent davantage motivées par un désir de punir son activisme provocateur que par l’existence de réelles preuves d’actions répréhensibles».

chokri-yacoubEt voici même que des acteurs de tout premier plan de la vie politique tunisienne, brisent à leur tour le mur du silence. Chokri Yacoub, président du Conseil National du parti du Congrès pour la République (CPR), s’indigne et dénonce ouvertement:

«C est inadmissible et un scandale que cette jeune fille soit toujours retenue pour des accusations fabriqués en toutes pièces, surtout quand on sait que les Femen étrangères ont été libérées sous la pression internationale et juste avant la visite de François Hollande... le seul tort d'Amina, c’est qu’elle est tunisienne.... quelle honte.... Je demande sa libération immédiate et sans condition».

Soufia Ben Achour

Via: mag14.com


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