Laurence Ferrari sort le sabre !
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Publié le 1 mars 2013
Écrit par Nicolas Santolaria - Technikart
Alors que son émission le Grand 8 semble reprendre des couleurs, Laurence Ferrari a choisi de se confier à Technikart. Transformée en héroïne tarantinesque, elle revient sur ses années passées aux commandes du JT et taille en rondelles tout ce qui bouge : Femen, machos, presse people…
Bon, à dire vrai, le Grand 8 n’est pas l’émission qu’on regarde tous les jours, même si le côté salon de thé de province s’est un peu estompé au fil des semaines et que –au bénéfice d’un changement d’horaire évitant la confrontation sanglante avec La Nouvelle Edition de Canal- les audiences semblent un peu plus clémentes pour cette agora 100% féminine qui mouline du sujet de société à 11 heures du matin. Mais, malgré nos préventions à l’égard d’un programme qui se cherche, Laurence Ferrari a, elle, un destin audiovisuel qui nous intéresse. Ayant longtemps incarné le power couple médiatique avec son compagnon Thomas Hugues, elle s’est ensuite glissée dans la peau de l’intervieweuse pugnace aux commandes de Dimanche+ avant de ravir à PPDA le fauteuil très convoité du 20 Heures de TF1. « Dans le métier, c’est le Graal », concède-t-elle volontiers. Pour celle qui paraissait promise à un destin d’icône électroménagère, le vent se met alors à tourner : les soupçons de connivence avec le pouvoir sarkozyste et les lapsus à répétition plombent ces quatre années passées à annoncer les mauvaises nouvelles. Aux yeux des médias, Laurence Ferrari se met soudain à figurer un monstre d’arrivisme, symbole choucrouté du népotisme ambiant. Pris sous la mitraille, son casque blond essuie alors des rafales d’injures qui fleurent bon la supériorité d’orang-outang : « perruche » (Mélenchon), « prisonnière de son prompteur » (Philippe Gildas), « petite chèvre » (Jean-Claude Narcy), « très agressive » (Eric Woerth). Où est la vérité dans tout ça ? Laurence est-elle cette femme que sa sensibilité faisait parfois dérailler à l’antenne ou bien une machine de guerre médiatique froide et calculatrice ? Ce n’est certainement pas moi, après tout juste une heure d’interview dans les locaux en chantier de D8, qui vais vous le dire. Je peux en revanche vous révéler que la préparation de ce sujet a nécessité plusieurs semaines de tractations. Pour aider Laurence à wildiser son image, on avait pensé à l’origine la prendre en photo avec un cocktail Molotov et une veste de treillis. « Désolé, mais ça fait trop Mali », nous as-t-on répondu. Avec une épée laser, alors, signe qu’elle contre-attaque ? « Star Wars, ce n’est pas vraiment son univers. En revanche, avec un sabre japonais, pourquoi pas…» Equipée d’un katana gentiment mis à disposition par un cafetier du XVIIIème arrondissement, Laurence s’affiche alors sous l’œil de notre photographe en héroïne tarantinesque, sorte d’Uma Thurman de bureau bien déterminée à trancher dans le vif des polémiques qui poussent aux abords de sa carrière et à découper en rondelles les machos du PAF. Dans une époque où les nanas peuvent désormais faire feu avec leurs tétons à la moindre contrariété, son féminisme en acier trempé, un peu old-school et nourri aux « éditos de Françoise Giroux », en deviendrait presque anti-conformiste et sympathique. « Si je me souciais de la critique, je n’aurais jamais rien fait de ma vie», ajoute-t-elle. Mère de famille de 46 ans qui «ne laisse pas ses enfants s’abrutir devant la télé » -mais qui « regarde régulièrement la Nouvelle Star et The Voice »-, mariée au violoniste Renaud Capuçon, Laurence entame avec nous une nouvelle séquence de son storytelling personnel. Comment ne pas tendre la main à quelqu’un qui, en décembre dernier, au mépris des règles étriquées qui dessinent les contours de la crédibilité journalistique et de la liberté individuelle, montait courageusement sur la scène de la Salle Pléyel pour réciter Babar ?
Après des débuts difficiles, les audiences de votre émission le Grand 8 remontent. Comment expliquez-vous ça ? Le nouvel horaire ? La nouvelle formule ?
Je crois qu’on était jusque là un Objet télévisuel non identifié.
La grosse nouveauté, c’est qu’il y a une table à la place d’un canapé…
C’est intellectuellement réducteur, mais factuellement vrai. Il y avait, je crois, une petite antagonie à parler d’actualité sur un canapé, ça ne collait pas.
Cette idée d’une émission de filles, ce n’est pas vraiment nouveau. Il y a déjà eu Froufrou, par exemple…
Oui, Christine a fait Frou-Frou, qui était une émission culte ; je la regardais souvent à l’époque. Nous, on n’a pas la prétention de révolutionner la télévision, juste d’installer un autre ton pour parler d’actualité chaude.
C’est un choix militant le fait qu’il n’y ait pas d’homme autour de la table ?
Oui, pour le coup, c’est un choix et c’est la force de l’émission. Mais je vous rassure, nous avons beaucoup de chroniqueurs hommes. Il y en a un, par exemple, qui fait la cuisine tous les jours.
L’homme au fourneau, super…
Attention, il n’est pas que cuisinier, il est aussi grand reporter.
Vous êtes pour le partage égalitaire des tâches ménagères ?
Ne soyons pas caricaturaux. Ca reste un vœu pieu l’histoire du partage des tâches domestiques, ce n’est pas là que réside le cœur d’un couple.
Vous pensez quoi de l’essai d’Hanna Rosin, La fin des hommes ?
Je l’ai reçu hier au bureau, mais je n’ai pas eu le temps de le lire. Je suis persuadé que l’avancée de la cause des femmes ne peut passer que par les hommes. Je suis pour l’harmonie. La fin des hommes n’est ni souhaitable, ni envisageable.
Avez-vous le sentiment de porter la parole des femmes dans votre émission
On parle à des femmes en leur offrant cinq points de vue auxquels elles puissent s’identifier. Si elles se reconnaissent, tant mieux, sinon, tant pis. Ca serait bien prétentieux de vouloir porter LA parole des femmes.
Votre public est-il exclusivement féminin ?
Je ne sais pas, je m’intéresse un peu moins aux audiences depuis que j’ai quitté TF1. Ca m’a assez pris la tête comme ça et ce n’est plus quelque chose de vital.
En prenant Roselyne Bachelot comme chroniqueuse, vous n’avez pas eu peur que votre émission se transforme en tribune pour l’UMP ? Vous lui avez mis des barrières ?
On n’a mis aucune barrière à Roselyne. Au contraire, on a recruté chacune de nos chroniqueuses pour leurs côtés grandes gueules, pour qu’elles nous disent ce qu’elles avaient au fond des tripes. Et on a fait attention à respecter un bon équilibre droite/gauche.
A ce propos, ça vous a fait quoi d’entendre Roselyne Bachelot lire du porno soft à l’heure du déjeuner ?
En privé, on sait qu’elle fait toujours des blagues de carabin. Mais l’antenne a souvent l’inconvénient de lisser les personnalités. J’étais donc ravie de l’entendre lire Fifty Shades of Grey ; c’est courageux pour quelqu’un qui a porté des projets de loi lourds. Elle fait le show, et ça sert l’émission. Croyez-moi, Roselyne Bachelot n’a pas fini de nous surprendre !
La promesse initiale du Grand 8, c’était justement un débat débridé entre copines. Mais bien souvent, on a le sentiment que vous êtes d’accord sur tout…
Au début, c’est vrai, on débattait à fleurets mouchetés. Mais en réalité, on clive sur énormément de sujets de la vie quotidienne. Je crois qu’aujourd’hui, on ose enfin se critiquer mutuellement et se faire des vannes.
Entretien N.S.
L'interview intégrale dans le Technikart de mars, en kiosques ...
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