Le 20 décembre dernier, la militante française du mouvement Femen, Eloïse Bouton, était venue dénoncer, à la Madeleine, l'opposition de l’église catholique à l’avortement. Elle avait déposé devant l’autel deux morceaux de foie de bœuf, censés représenter un fœtus. Seins nus, avec «344 salopes» écrit sur le corps, elle n’avait pas dit un mot.
Face à cette action, le curé de la Madeleine, le père Bruno Horaist, a porté plainte et l’a accusée notamment d’avoir uriné sur les marches de l’autel. Ce mardi matin, plus de deux semaines plus tard, elle a été placée en garde en vue et n’en est ressortie que vers 20 heures.
Pourquoi avez-vous été retenue en garde à vue par la police ?
En fait, hier j’ai reçu une convocation pour une audition, sans précision particulière. Bon, je me doutais que c’était pour l’action à la Madeleine. Aujourd’hui, en me présentant à onze heures, j’ai été placée en garde à vue pour des faits d’exhibition sexuelle. Le temps de la procédure, ça a duré huit heures. C’est la première fois en France que je suis placée en garde à vue, surtout après coup. D’habitude on est embarquées juste après l’action. De plus, pour les faits d’exhibition sexuelle qui me sont reprochés, c’est étonnant. Tout d’un coup cela devient interdit alors que pour nous, manifester seins nus, cela a toujours été un acte militant.
Que risquez-vous ?
A priori, 15 000 euros d’amende et un an de prison. Je suis convoquée au tribunal de grande instance pour une audition dans le bureau du juge le 14 mars.
Uriner est-il un nouveau moyen d’action ? Et pourquoi ?
Je précise que je n’ai absolument pas uriné. J’ai montré mes seins, mais je n’ai pas fait pipi. Quand le curé de la Madeleine, Bruno Horaist, affirme cela, il ment.
C’était une action posée, silencieuse, cela a duré une minute trente. C’était beaucoup moins «agité» qu’à Notre-Dame, où nous étions nombreuses et où nous lancions des slogans.
Après cette action, l’ensemble de la classe politique, même à gauche, a marqué sa désapprobation.
C’était attendu. Nos actions sont faites pour faire réagir et faire prendre conscience. Quand Bertrand Delanoë nous critique, c’est logique. Son poste de maire de Paris l’oblige à le faire. D’ailleurs c’est globalement tous les candidats aux élections municipales qui nous ont critiqués.
Est-ce que vous n’êtes pas en train de perdre une bonne partie de vos premiers soutiens ?
On perd en fait surtout le soutien des médias, j’ai l’impression. Peut-être parce qu’il y a une forme de lassitude. Il y a de plus en plus de papiers sur les supposés doutes ou le financement et les médias ressassent toujours les mêmes choses, sans rien vérifier. Mais, après, on reçoit le même nombre de menaces et de soutiens qu’avant, de ce côté là, ça ne change pas.
Via: liberation.fr
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