Article paru dans l'Express le 7 mars 2014.
Source : L'Express du 7 mars 2014
(Extraits)
Le combat contre le mariage pour tous a vu l'émergence de groupuscules féminins revendiquant une "féminité moderne". A rebours de celle prônée par les Femen, elle dissimule quelquefois des idéologies nationalistes issues de la droite radicale.
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Antigones, Caryatides, Marianne pour tous, Porteuses ou NAVNAL (Ni à vendre, ni à louer). Ces groupuscules se sont tous formés il y a quelques mois, un an tout au plus. Initiés par des femmes, souvent très jeunes, ils rejettent, entre autres, le mariage pour tous et le féminisme "sextremiste" des Femen. Certains revendiquent leurs penchants nationalistes et identitaires, à l'instar des Caryatides. Lancée à Lyon en mai 2013, cette "section féminine" est proche de l'Oeuvre française, un mouvement d'extrême droite dissout en juillet dernier. Ses membres, présentes au Jour de colère et hostiles à l'IVG (interruption volontaire de grossesse), entendent "militer en toute féminité".
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Le webmagazine Belle et Rebelle développe une stratégie différente - orientée sur Internet - mais prône tout de même, depuis près de trois ans, "un féminisme identitaire pour les femmes normales". La rédactrice en chef, Louise Demory, ne cache pas son affiliation à Génération identitaire, la branche "jeunesse" du Bloc identitaire, mouvement politique de droite radicale. Elle en est l'ancienne porte-parole. A chaque occasion, le groupuscule relaie d'ailleurs largement les publications de Belle et Rebelle.
Reste à savoir s'il y a là une réelle féminisation de la droite radicale ou une impulsion spontanée, donc passagère. "Il y a bien un regain d'engagement féminin, par exemple au sein du Bloc identitaire, alimenté notamment par un ras-le-bol de la drague inélégante", estime l'historien Stéphane François, spécialiste des droites radicales.
Pour le politologue Jean-Yves Camus, autre connaisseur de l'ultra-droite, on ne peut pas parler de "féminisation" au sens strict. Il reconnaît toutefois une évolution dans les méthodes employées: "En Italie, à la fin des années 1970, il y avait des groupes féminins qui se réclamaient d'une vision non féministe et moderne. En France, ça n'avait pas pris en raison du poids des catholiques traditionalistes. A partir de l'année dernière, on a assisté à l'émergence de mouvements liés au monde identitaire, modernes dans leurs moyens, avec l'usage professionnel d'Internet".
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Les Antigones, un groupuscule "féminin" aux contours flous
Ce mouvement, lancé en mai 2013 par une poignée de femmes de 23 à 25 ans, s'est d'abord érigé contre les Femen, ces féministes "sextremistes" aux actions coup de poing. Les Antigones souhaitent maintenant se pérenniser, sous forme d'association. Trois antennes ont été ouvertes à Marseille, Lyon et Toulouse. Selon elles, cinq cent femmes de tous âges les auraient d'ores et déjà sollicitées. "Féminin mais surtout pas féministe", comme l'annonce son site, ce mouvement prône "la complémentarité de l'homme et de la femme" et condamne la théorie du genre.
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Comment expliquer cette poussée ultra conservatrice, à l'heure où la société devient plus permissive? D'après Isabelle, les membres des Antigones "se sont toujours senties concernées par les questions de société et politiques mais n'avaient jamais vraiment trouvé de collectif approprié pour s'exprimer". Le débat autour du mariage pour tous a vu l'émergence de nombreux thèmes de société chers aux femmes: famille, GPA (gestation pour autrui), PMA (procréation médicalement assistée)... Autant de sujets propices à la montée d'une contestation essentiellement féminine. D'après Jean-Yves Camus, "les mouvements féminins se forment plutôt autour de sujets sociétaux".
Le secrétaire général des étudiants de l'Action Française, Antoine Desonay, confirme le phénomène, et la hausse des adhésions féminines. "Depuis 2012 on a commencé à avoir une féminisation assez importante, assure-t-il. Ca s'est accéléré depuis la Manif pour tous. Etrangement, ce sont les filles qui militent et poussent leur copain à agir. Elles font généralement de meilleures études qu'eux. Et ont tendance à les calmer."
Via: bloc-identitaire.com
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