Il est rare que les questions concernant l’Eglise catholique et les communautés chrétiennes reviennent autant dans une conférence de presse à l’Elysée. Plus rare encore, sinon inédit, que le président de la République dénonce en bloc les atteintes aux trois grandes religions présentes sur notre sol, mentionnant en particulier les actes « antichrétiens ». C’est un pas important qu’a donc franchi François Hollande ce mardi soir, au moins en termes de vocabulaire. Longtemps hostile à la « laïcité positive » de Nicolas Sarkozy, jugée trop favorable au christianisme, la gauche au pouvoir a parfois pu sembler plus prompte à dénoncer l’antisémitisme et les actes d’islamophobie que les actes antichrétiens.
Le soutien longtemps apporté aux Femen – par exemple sous la forme d’un statut de réfugié et d’un passeport accordé à leur leader Inna Shevchenko - a pourtant pris fin mardi soir sous les lambris de la salle des fêtes de l’Elysée. « La république, ce n’est pas deux poids deux mesures », a déclaré le président. Et d’ajouter à la réprobation des actes antisémites et antimusulmans celle « des personnes qui pensent qu’on peut aller s’exhiber dans une Eglises et faire des gestes qui touchent profondément les consciences des croyants. »
Pour le chef de l’Etat, « aucun de ces actes ne peut être accepté. » Une déclaration qui brise un tabou à gauche, même si Bertrand Delanoë et Anne Hidalgo (comme La Vie l’a révélé) avaient pris leurs distances après qu’une Femen ait uriné devant l'autel à l’église de la Madeleine à Paris. Mais ce faisant, le président a aussi tourné sans état d’âme une page de son quinquennat : le 14 juillet 2013, le nouveau timbre où Marianne est justement incarnée par Inna Shevchenko était dévoilé à l’Elysée par… François Hollande.
Si ces problématiques sont généralement classées "à droite", les catholiques "de gauche" apprécieront certainement que, sur les Roms, François Hollande ait affirmé sa volonté de « respecter le principe d'accueil, dans le respect du droit ». Ils seront aussi sensibles à des thématiques plus internationales, comme celle du conflit israélo-palestinien ou du climat. Mais le président de la République a aussi directement évoqué son prochain voyage à Rome, où il doit rencontrer le pape… sans Valérie Trierweiler.
Les deux François devraient, estime le chef de l’Etat, parler du prochain sommet sur le climat, sur les conseils de Nicolas Hulot, qui s’est récemment rendu au Vatican pour préparer le terrain. Egalement à l’ordre du jour : la situation des chrétiens d’Orient, entre guerre en Syrie, violences en Egypte et en Irak et voyage du pape en Terre Sainte. « Le pape peut, notamment sur le dossier syrien, être précieux pour convaincre qu'il y a là la recherche d'une solution politique et notamment dans la perspective de la conférence de Genève. Il peut être aussi utile dans le cadre de la négociation entre Palestiniens et Israéliens. Et puis il y a une question : en 2015, la France va organiser la conférence sur le climat. Le pape peut être un acteur majeur et utile dans le cadre de ces négociations », a déclaré le Président. Officiellement, donc, François Hollande espère écarter de la conversation les questions sociétales, et notamment la fin de vie.
Reste un sujet sur lequel François Hollande a indiqué vouloir trouver le consensus le plus large possible, tout en affirmant une ligne claire. Et ce sujet, c’est justement la fin de vie. Sans même attendre le rapport de synthèse que doit boucler d’ici quelques semaines le Comité national consultatif d’éthique, le président de la République a, une nouvelle fois, insisté sur sa volonté de faire adopter une loi dès cette année. Si l’on s’en tient à la formulation employée à la conférence de presse – une « assistance médicalisée » pour les personnes qui jugent souffrir d’une souffrance psychique ou physique insupportable – il pourrait s’agir de suicide assisté, autrement dit d’un dispositif plus large encore que l’euthanasie. Une option qui a fort peu de chance de rencontrer le soutien de la majorité des catholiques.
Pour Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, la réapparition du dossier de la fin de vie dans la conférence de presse du président a un but : cliver. Un objectif qui, s’il s’avère exact, s’avèrerait typiquement… sarkozyen. La « Marche pour la vie » prévue dimanche 19 janvier à Paris en présence notamment du cardinal Barbarin devrait permettre de mesurer une première fois le rapport de forces sur ce dossier emblématique.
Via: lavie.fr
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