«Faut-il battre ou non sa femme?»

Peut-on imaginer un salon avec les questions de débat suivantes : peut-on être racistes envers les Arabes? Peut-on discriminer les Noirs? Peut-on maltraiter les animaux? Non. C'est inimaginable.

Je ne nie pas l'existence du racisme, de la discrimination et de la maltraitance des animaux dans nos sociétés, mais force est d'admettre qu'il n'y a pas eu de salon moderne qui a eu le culot ou la folie de poser ces questions. Mais «parler de la question à savoir s'il faut battre ou non sa femme» a été l'un des sujets débattus au salon de la femme musulmane de Val-d'Oise, comme si plusieurs réponses pouvaient être acceptables. Non à la violence tout simplement, peu importe le sexe en question ou la nature de cette violence.

Comme presque tout le monde, je suis choquée, blessée et anéantie par cette misogynie masculine qui instrumentalise la religion islamique pour s'exprimer, se légitimer sans remords à travers les textes.

À ces fondamentalistes, que je dissocie de la majorité des musulmans qui ne pratiquent et ne prêchent pas cet islam radical, quand comprendrez-vous que la femme musulmane, ou la femme tout court, n'est pas votre propriété?

Quand comprendrez-vous que la femme est maîtresse de sa vie et de son corps?

Quand serez-vous capable de cesser tout débat sur la possibilité de violenter ou non la femme, de l'inférioriser devant l'homme, de vouloir la soumettre comme une esclave?

Quand accepterez-vous que la femme est l'égale de l'homme en dignité et en droit, et qu'il est inconcevable qu'un dieu de paix, d'amour et de justice puisse penser autrement?

Ce type de salon et ces débats rétrogrades ne sont que le reflet du déni de la dignité et des droits des femmes. Peu importe la réponse que vous donnez à la question débattue, votre misogynie s'est clairement exprimée à travers la violence physique et verbale que vous avez réservée aux Femen issues de familles musulmanes venues vous criez haut et fort ce que vous tardez ou refusez de comprendre: «Personne ne me soumet, personne ne me possède, je suis mon propre prophète!».

Alors que de lâches hommes n'ont eu que la vile attitude de rouer de coups de pieds des femmes au sol, d'autres attisent la barbarie en vociférant «sales putes, il faut les tuer». Où sont la paix, le respect de l'être humain, la tolérance et la liberté dans ce salon? Nulle part.

Étrangement, les partisans de ce salon de la femme musulmane, où sont prêchées l'obéissance, la soumission et la dépendance de la femme à son mari, n'ont aucunement condamné sur leur page Facebook les violences subies par les Femen perturbatrices de leur sermon de la part de certains hommes.

Paradoxalement, d'autres ont l'absence de gêne de parler d'islamophobie. Si vous dites représenter l'islam, comment un humain sain d'esprit peut-il ne pas être islamophobe devant vos propos et attitudes discriminatoires et misogynes à l'endroit de la femme? Comment ne pas condamner cette haine des femmes sous couvert de la religion?

Les causes de l'islamophobie peuvent être nombreuses certes, mais il y'en a une qui saute aux yeux ici: le discours inégalitaire et misogyne de ces imams fondamentalistes qui prêchent un islam radical ne pouvant aucunement être vécu dans une société moderne, laïque, libre et démocratique.

Pourtant, je ne pensais jamais avoir peur un jour de l'islam venant du Sénégal, jusqu'à ce que j'entende votre version, qui n'a rien à voir avec l'islam populaire de mon pays d'origine. J'espère de tout mon cœur que votre version de l'islam n'y pénètre jamais, ni nulle part d'ailleurs.

Il est temps de dénoncer cette liberté religieuse qui prêche la violence, la misogynie et la discrimination des femmes. C'est de la haine tout simplement.

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Via: quebec.huffingtonpost.ca


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