1 Le fail du fake
Le 21 novembre, à 13 h 10, la nouvelle tombe sur Twitter : “Femen détient un prêtre en otage. Nous demandons l’annulation de la visite du pape au Parlement européen en échange de sa libération.” Avec, pour preuve, une vidéo de l’enlèvement et cette photo. Reprise de l’AFP ? Info en boucle sur BFM ? GIGN sur les dents ? Que nenni, le quasi-vide, à part ce tweet de Christine Boutin, née, rappelons-le, sans le chromosome du regard critique : “Qui peut donner des informations sur l’enlèvement d’un Pretre par des Femens ? Ou est ce ? Qui est ce ? Quelle réaction politique ? Merci” Les rares réactions de la presse se partagent entre dénonciation de l’opé de com, indifférence ou consternation. Malgré ce fail, les Femen disent se réjouir de “l’engouement provoqué par son dernier coup de thérapie choc”. Un sens de la mesure à la hauteur de ce coup médiatique de fond de tiroir
2 Surprise sur prise
Regard désespéré surjoué, poses menaçantes et cagoules, les Femen s’inspirent des codes terroristes dans une mise en scène de mauvais goût bizarrement justifiée : “Détournant les méthodes terroristes employées par la religion pour contrôler, mutiler et supprimer les femmes, nous avons imaginé cette mise en scène pour dénoncer l’emprise grandissante des institutions religieuses sur nos sociétés modernes.”
Sur la forme, difficile de ne pas penser aux insoutenables vidéos mises en ligne par l’Etat islamique pour sa propagande, plutôt qu’aux cagoules des Pussy Riot. Côté parodique, leurs vidéos et photos canulars renvoient aux caméras cachées de Marcel Béliveau. Mais, tout aussi bizarrement, les Femen ont salué Le Gorafi (“Nous avons emprunté votre tactique”). La satire potache pas toujours drôle ?
3 le doute m’habite
Cette parodie est aussi pour les Femen l’occasion de donner une belle leçon de philosophie. “Le doute est à l’origine de toutes les grandes prises de conscience”, écrivent-elles sur Facebook. “Doutez de notre capacité à commettre un véritable crime, doutez de vos croyances, doutez de tout, mais ne doutez jamais de ce qui compte vraiment : vos droits et votre liberté.” A lire ce message, on doute qu’elles aient douté. Dommage, car ce canular pousse le système Femen à l’extrême : faire parler d’elles au détriment du message – “la visite officielle du pape au Parlement européen”. Cette “thérapie de choc” porte un nouveau coup aux Femen déjà décrédibilisées par leurs discours peu articulés et des positions caricaturales sur les musulmans, la prostitution, la pornographie ou la féminité, et que l’on préfère affrontant Civitas et les identitaires.
Via: lesinrocks.com
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