Femen, je vous aime

femen inna timbre

Nouveau visage timbré de Marianne, Inna Shevchenko en remontre à Brigitte Bardot pour ses déclarations au gros rouge qui tache. Décrétée réfugiée politique par la grâce des autorités françaises, la fondatrice ukrainienne des Femen n’a pas sa langue dans sa poche. Dans ce globish qui lui sert de passe-partout médiatique, la sémillante féministe 2.0 ne craint pas de verser dans l’islamophobie la plus primitive. « What can be more stupid than Ramadan ? What can be more uglier then that religion ! » (sic) lisait-on la semaine dernière sur son compte Twitter (traduction : Qu’y a-t-il de plus idiot que le Ramadan ? Qu’y a-t-il de plus affreux que cette religion !). Passons sur la syntaxe douteuse, les amoureux de la grammaire british se consoleront devant une pièce elisabéthaine.
Toujours est-il que notre chère Inna s’est fait gentiment sermonner pour cette sortie fort peu amène envers les croyants musulmans. L’indispensable Rokhaya Diallo l’a déjà publiquement houspillée, invoquant le néo-colonialisme larvé des féministes à seins nus, et lui prépare sans doute une place de choix dans la moisson 2014 des Y’a Bon Awards. Sommée de s’expliquer dans Libé, Shevchenko assume cette méchante salve, qui a mystérieusement disparu de son compte Twitter, mais fournit des explications tortueuses sur les circonstances de sa rédaction : « J’ai posté ça quand j’ai appris qu’Amina [la Femen tunisienne, NDLR] était obligée de faire le ramadan, en prison, comme les autres détenues, alors qu’elle est athée. C’était sous le coup de l’énervement.» Résolument « religiophobe » et non pas seulement « islamophobe », Inna et ses copines se sont illustrées par leurs actions musclées dans les églises – où, entre autres exploits, elles abattirent à la tronçonneuse une croix érigée en mémoire des victimes de la grande famille ukrainienne – ainsi qu’à la sortie des mosquées, à Paris et à Kairouan. Diversement appréciées, ces opérations coup de poing (ou de mamelles, diront les plus phallocrates…) s’attaquent aux derniers vestiges d’une société patriarcale qui n’existe plus que dans les esprits embrouillés de Caroline Fourest et Najat Vallaud-Belkacem. En la matière, plus la cible est médiatiquement mal en point, plus ses assaillantes se voient portées au pinacle. Comprenez que l’Eglise catholique n’est pas en odeur de sainteté sur Canal +, auprès du Syndicat de la magistrature et de la cellule CGT de France 3. Malmener Benoît XVI ou son successeur François, voire les personnalités cathos par trop ringardes comme Christine Boutin vous assure la mansuétude du ministère de l’Intérieur et des médias, tout aussi bien qu’une adhésion à  l’Action antifasciste Paris-Banlieue. Lorsqu’il s’agit de faire le zouave (navré, je n’ai pas trouvé d’équivalent féminin dans notre langue désespérément fasciste) devant une mosquée pour moquer la bigoterie mahométane, l’affaire devient soudain moins entendue. Car l’on peut claironner sans danger que Mahomet était un dangereux barbare, critiquer les sourates liberticides au nom d’une conception moderne de l’égalité. Jusque-là, la presse et la télé vous suivront, quoique d’un pas chaloupé, histoire de ne pas trop « stigmatiser ». Pourvu qu’on n’esquisse pas le moindre début de pensée critique face à l’immigration de masse, on peut tirer à l’aise sur l’islam et ses conséquences sociétales.
On chercherait en vain la moindre remise en cause du consumérisme, de la société industrielle et du capitalisme chez ces progressistes que nos gouvernants célèbrent à l’unisson. Si le pseudo-féminisme « religiophobe » a une mission, c’est bien l’occultation du réel et de sa critique. Dénoncer l’exploitation de la femme par l’homme en oubliant l’exploitation de l’homme par l’homme, voilà la dernière martingale de l’aile gauche du capital !
Chez nos amazones, point de littérature. Grâce aux tribulations de la jeune Iseul en leur sein (jeu de mots de mauvais aloi…), on sait le corpus idéologique des Femen aussi mince qu’un 75A. Oubliées Beauvoir, Groult, Butler côté jardin, l’enchanteresse Delphine Seyrig côté cour. Ces péronnelles cultivent le culte de l’action. Pour analyser leur doctrine, il faut se contenter des ersatz dont elles se repaissent sur Facebook et Twitter.
Les gardiens du temple familial auront beau jeu de honnir ces jeunes femmes. En fait d’épouvantails, la Femen est l’avenir de l’homo oeconomicus. Ni ukrainien ni français, ni chrétien, ni musulman, ni homme, ni femme, le néo-humain femenisé sera bientôt libre de toute attache. Avec un seul mot d’ordre : con-somme !
On aura beau crier à la diversion ou clamer que les Femen ont plusieurs guerres de retard, cela ne douchera pas notre optimisme. Au couchant de sa vie, Debord estimait qu’« il y a des époques ou mentir est presque sans danger parce que la vérité n’a plus d’amis »1. Il est parfois des ficelles assez grosses pour abattre l’édifice qu’elles supportent…


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