Trois Femen, une Allemande et deux françaises, ont été condamnées en Tunisie à quatre mois de prison ferme suite à leur action en soutien à Amina, jeune tunisienne détenue car elle s'était exposée seins nus pour protester contre la condition des Femmes dans son pays.
La sévérité de la condamnation n'est pas une surprise. À quoi d'autre pouvait-on s'attendre de la part de la Tunisie dirigée par Ennadha ? La condamnation des trois Femen est lourde, surtout si on la compare à l'immunité dont elles bénéficient en France. Rappelons qu'il n'y eu aucune poursuite suite à leur action à Notre-Dame de Paris.
Certes, nous pouvons regretter cette lourde condamnation mais nous ne pouvons pas la remettre en question. C'était une action risquée, mais menée en toute connaissance de cause et de manière consciente par les leaders des Femen. Les conséquences de leurs actions doivent donc être assumées.
Ce qui est dommage, c'est que les leaders de ce mouvement sont tranquillement en train de se balader dans Paris, tandis que de jeunes filles vont croupir en prison. Les leaders des Femen devraient être poursuivies pas les familles de ces trois jeunes filles pour mise en danger de la vie d'autrui et abus de faiblesse.
La France ne doit pas faire de l'ingérence dans cette affaire car c'est la justice d'un pays souverain qui s'est exprimée pour des actions menées sur son territoire.
Le mode d'action des Femen est basé sur la provocation et donc la prise de risque. Ces actions se font évidemment toujours face à de nombreux journalistes et caméras (ce qui limite le risque d'émeute et relativise fortement le courage que certains médias et associations semblent leur prêter). Les Femen ont envoyé trois jeunes femmes dans un pays étranger pour apporter leur soutien bruyant et "dénudé" à une jeune tunisienne Femen. C'est en apparence louable, mais derrière cette action se cache une idéologie néocoloniale et totalitaire qu'il convient de mettre en évidence.
Les Femen considèrent les femmes qui ne partagent pas leur vision du féminisme comme des sauvages aveugles et soumises à l'oppression masculine. Elles considèrent que leur mission est de les éduquer, les libérer, les sauver... surtout si elles sont arabes ou africaines... Quelle autre vision pouvions-nous attendre d'activistes nourries au biberon du totalitarisme et du dogmatisme soviétique ?
Il est assez ironique de constater que cette vision néocoloniale émane d'un mouvement Urkrainien. Rappelons que l'Ukraine n'est pas un pays reconnu pour son respect des droits de l'homme, son sens de la démocratie, et son avance en matière d'égalité entre les hommes et les femmes.
Leur vision monolithique décide de ce qui du "bon" et du "vrai" féminisme. Cette vision nie le travail de longue haleine que mènent de très nombreuses femmes engagées dans tous ces pays. Elles oublient également que la lutte pour les droits des femmes s'est accomplie sur plusieurs décennies, voire plusieurs siècles...en France, notamment. Il ne suffit pas de quelques seins et quelques tweets pour moderniser une société, une culture.
Par leurs actions, les Femen perturbent le travail des féministes autochtones que ce soit en France, en Tunisie ou ailleurs. Elles caricaturent le féminisme, cristallisent les tensions et radicalisent les sociétés.
C'est le cas en France notamment, lorsqu'elles se sont attaquées à Notre-Dame de Paris ou à une mosquée, oubliant que la laïcité est un de nos principes fondateurs. La Laïcité nous permet de vivre ensemble dans le respect et la tolérance de la foi de chacun. C'est un principe qu'il faut défendre chaque jour contre les extrémismes. Il n'est en aucun cas un anti-cléricalisme acharné. En Tunisie, Dans un pays en pleine transition démocratique, qui contient difficilement la poussée des extrémistes religieux, les actions des Femens, encore plus qu'ailleurs, sont absolument contre productives. En effet, elles accroissent la défiance vis-à-vis des féministes tunisiennes et radicalisent les positions.
Leurs actions s'apparentent à une forme d'évangélisation tant elles entendent éduquer, libérer, sauver les femmes du monde de l'oppression des hommes en imposant leur vision du féminisme et de l'organisation d'une société, niant au passage toute considération liée à l'environnement politique, sociale, culturel, historique et cultuel des pays dans lesquels elles interviennent.
En cela, l'ideologie Femen est néocoloniale, raciste et ethno-centrée.
Cette action est par ailleurs paradoxale, pour ne pas dire incohérente, car elles combattent l'exploitation du corps des femmes, notamment son exploitation commerciale, en se servant de leur corps comme une marchandise, un outil politique. Or, depuis des années les féministes se battent contre l'exploitation commerciale du corps des femmes... et voilà que de jeunes Ukrainiennes en font une arme médiatique!
Elles piétinent les modèles de société des pays, leur histoire, leurs principes (comme la laïcité en France). Elles mettent en danger de nombreuses jeunes femmes enrôlées et envoyées, en dépit du danger, pour mener des actions idiotes et contre-productives. Aujourd'hui, deux familles françaises et une allemande vivront dans l'angoisse durant quatre mois...au minimum.
Pour toute ces raisons, ce mouvement doit être interdit en France. La France n'a pas de leçons de Droits de l'homme et d'égalité homme-femme à recevoir de l'Ukraine.
Via: huffingtonpost.fr
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