Des pirates informatiques de la mouvance islamiste ont pris le contrôle dans la nuit du 21 mars de la page Facebook du groupe féministe Femen-Tunisie après la diffusion de photos de deux jeunes tunisiennes seins nus.
"Grâce à Dieu nous avons piraté cette page immorale et le meilleur est à venir", y est-il indiqué à la mi-journée par le pirate qui signe du nom "al Aangour". "La page a été piratée et si Dieu le veut, ces saletés vont disparaître de Tunisie", écrit-il encore. Le pirate a remplacé sur la page les photos des différentes actions seins nus des Femen à travers le monde par des vidéos de sourates du coran, d'images illustrant la profession de foi l'islam.
Femen, un groupe de féministes ukrainiennes désormais installé à Paris et qui a fait des émules dans plusieurs pays du monde, est connu depuis 2010 pour ses actions "topless" pour dénoncer le sexisme, l'homophobie, la prostitution et la religion.
"Mon corps m'appartient"
Deux jeunes Tunisiennes ont diffusé ces derniers jours sur internet des photos d'elles seins nus avec écrit en lettre noire et en arabe sur leur poitrine "mon corps m'appartient, il ne représente l'honneur de personne". Leur compte Facebook créé le 1er mars a réuni plus de 4.000 commentaires en quelques jours. Les uns pour soutenir leur cause, les autres pour les couvrir d'insultes, jugeant leur acte vulgaire et extrémiste.
L'une d'elles, Amina, régulièrement menacée de mort, est apparue dans plusieurs médias tunisiens pour expliquer son geste. "Nous voyons souvent des hommes torse nu à la plage, cela ne choque personne, alors il en va de même pour nos actions. Ce n'est nullement de la provocation, mais une simple action pour prôner la liberté de la femme, explique-t-elle sur Ettounissia TV.
Les spéculations vont par ailleurs bon train depuis deux semaines dans la presse tunisienne sur une action des féministes ukrainiennes et françaises en Tunisie, alors que l'atteinte à la pudeur est passible de six mois de prison ferme.
Les femmes tunisiennes disposent depuis les années 1950 des droits les plus avancés dans le monde arabe, mais de nombreuses inégalités demeurent notamment en matière d'héritage. Les associations féministes accusent régulièrement les islamistes d'Ennahda, qui dirigent le gouvernement, de chercher à s'en prendre aux droits des femmes et réclament que l'égalité des sexes soient clairement garantie dans la future Constitution.
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