La spirale d’une ex-Femen qui a dénoncé une agression imaginaire

La solitude, le besoin d'attirer l'attention: le tribunal correctionnel de Paris s'est attaché à comprendre mercredi les raisons qui ont conduit l'ex-Femen tunisienne Amina Seboui à dénoncer à la police une agression imaginaire par des islamistes à Paris.

La jeune femme de 19 ans a été entendue. Compte tenu de sa "situation personnelle", le tribunal l'a condamnée à une peine "extrêmement légère par rapport à la gravité des faits", a souligné la présidente: 1.500 euros d'amende avec sursis.

Le parquet avait requis un mois de prison avec sursis, éventuellement assorti d'une mise à l'épreuve.

"Je suis désolée", a répété à la barre Amina Seboui, cheveux courts et gilet en laine gris, jugée pour dénonciation mensongère.

Alors en France depuis onze mois, après avoir quitté son pays natal où elle a fait deux mois et demi de détention provisoire en 2013 pour avoir peint le mot "Femen" sur le muret d'un cimetière de Kairouan (sud de Tunis) pour dénoncer la tenue d'un rassemblement salafiste, la jeune femme avait raconté sur Facebook qu'elle avait été agressée.

Affirmant que des islamistes lui avaient rasé les sourcils et quelques mèches de cheveux, elle avait même publié une photo d'elle.

Les coups de téléphone affluent, une centaine dit-elle, et ses "amis" sur le réseau social lui recommandent de se rendre au commissariat, les médias relaient ses dires.

Prise dans son mensonge, elle dépose plainte le 7 juillet, affirmant que l'avant-veille, un Tunisien l'a abordée dans le métro, saluant son courage, avant de la conduire vers quatre hommes qui, dit-elle alors, lui auraient lancé qu'elle ne méritait pas la beauté qu'Allah lui avait donnée.

Un scénario "pas très compliqué" à imaginer, tant Amina est la cible de "menaces", "de Tunisie et de France", explique-t-elle.

Grâce à la vidéosurveillance, les policiers retracent son parcours dans le métro, mais ne constatent aucune agression et ses sourcils et ses cheveux apparaissent intacts.

- Je fais du tort à la cause que je défends -

En garde à vue, elle reste silencieuse et repart avec une convocation devant le tribunal. Ce n'est que fin septembre, soit près de trois mois plus tard, qu'elle reconnaîtra avoir tout inventé. Dans une lettre, elle revient sur sa vie, traversée dès l'âge de 17 ans par "le militantisme radical, la prison, les procès".

"Je me sens d'abord coupable car je fais du tort à la cause que je défends si ardemment, (...) celle des droits des femmes", écrit-elle, "par ce mensonge, je suis consciente que je jette le discrédit sur la parole des victimes de violences sexistes et des intégrismes, quels qu'ils soient".

"Je me suis sentie seule, je voulais attirer un peu l'attention de mes amis", explique-t-elle.

"Je ne pensais pas que ça irait jusque là", répond-elle à la présidente qui cherchait à savoir si "avec le recul", la lycéenne pensait qu'il s'agissait d'une "bonne méthode".

Aujourd'hui la jeune femme va mieux, "j'essaie de créer des liens, de ne pas m'enfermer", dit-elle au tribunal.

Un tribunal auquel elle accorde sa "confiance", a plaidé son avocat, Me Martin Pradel.

"Elle a compris mieux que personne les conséquences" de son mensonge, poursuit l'avocat, estimant qu'elle avait même "à un moment donné, fini presque par se persuader" de l'existence de ces faits imaginaires.

En terminale littéraire, Amina Seboui veut étudier les sciences politiques ou la philosophie pour devenir professeur et ambitionne d'ouvrir en Tunisie un centre d'hébergement pour les femmes qui sortent de prison.

Après sa détention en Tunisie, elle avait reçu des marques de soutien des autres Femen, puis avait décidé de quitter ce mouvement féministe en l'accusant d'"islamophobie".

Elle devra par ailleurs comparaître prochainement devant le tribunal correctionnel de Paris pour violences en état d'ébriété après une bagarre en août à Paris.


Via: ariegenews.com


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