La féministe tunisienne de 19 ans "Amina" a été arrêtée à Kairouan dimanche 19 mai.
Le procureur tunisien a ordonné l'arrestation de l'activiste Femen après qu'elle ait tenté de se déshabiller en face de la mosquée Uqba Ibn Nafi. Elle aurait également été vue en train de peindre le mot "Femen" sur un muret aux abords de la mosquée.
Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Mohamed Ali Aroui, a déclaré lundi lors d'une conférence de presse qu'Amina avait été présentée devant le tribunal, ajoutant que "la société tunisienne est une société musulmane qui n'accepte pas ce type d'actions excentriques."
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[Tunivisions] L'activiste tunisienne Amina avait une première fois fait la une pour avoir diffusé des photos d'elle sur Facebook, où elle posait les seins nus et portait l'inscription "Mon corps m'appartient, il ne représente l'honneur de personne."
"Les actes excentriques d'Amina sont étrangers à la société tunisienne et constituent une provocation pour les habitants de Kairouan, qui ont exprimé leur rejet de ces actes," a indiqué Aroui. "Amina a été arrêtée dès qu'elle a été reconnue, dans la mesure notamment où elle portait un voile pour se déguiser."
Pour sa part, le comité de coordination des associations civiles de Kairouan a exprimé son "rejet catégorique" de ce qu'il considère être des "tentatives d'attirer la ville dans de véritables troubles".
Le comité a souligné "la nécessité de traduire cette fille en justice pour sa tentative de porter moralement atteinte à nos valeurs sacrées".
Amina se trouvait à Kairouan pour protester contre le rassemblement programmé des salafistes d'Ansar al-Sharia.
L'activiste avait une première fois suscité la controverse au mois de mars, lorsqu'elle avait posté sur Internet des photos seins nus d'elle-même, sa poitrine dénudée portant l'inscription "Mon corps m'appartient, il ne représente l'honneur de personne". Elle avait agi ainsi dans le cadre d'une protestation, sur Internet, contre la suppression des droits des femmes.
Pour sa part, Ahlem Belhaj, présidente de l'Association Tunisienne des Femmes Démocrates(ATFD), a déclaré que son groupe soutiendrait Amina "s'il était prouvé qu'elle avait été arrêtée à titre d'arrestation préventive, dans la mesure où elle n'est pas armée et ne représente aucun danger".
"Nous ne nous opposons pas à la loi, mais nous respectons les droits personnels de l'individu", a-t-elle ajouté. "Si ses libertés individuelles étaient attaquées ou si elle était la cible de violences, nous interviendrions le plus rapidement possible pour la défendre."
"Ce qu'elle a fait ne comporte aucune atteinte aux valeurs sacrées", a-t-elle fait remarquer. "Les gens doivent être tenus de rendre compte de ce qu'ils font, pas de ce qu'ils disent."
Cet acte d'Amina suscite des réactions mitigées dans les rues tunisiennes.
"Ce qu'Amina a fait était une provocation, à un moment critique où nous devons faire preuve de beaucoup de sagesse et de bon sens", a expliqué Mounira Essid à Magharebia. "Les salafistes radicaux ne me représentent pas, tout comme Amina et son organisation ne sont pas représentatives de la société conservatrice tunisienne."
Mouedh Bettayeb a relevé : "Il est clair que, derrière Amina, on trouve certaines personnes qui incitent à la violence en provoquant les sentiments des autres. Agir ainsi est contraire à la loi et à la morale".
"La décision de l'arrêter était la bonne, et c'est une leçon pour quiconque pourrait penser à jouer avec la sécurité de ce pays et de son peuple," a ajouté Bettayeb.
Pour Yasmine Allouch, "Amina n'a porté atteinte à aucune valeur sacrée ; elle a seulement écrit 'FEMEN' sur le muret de la mosquée Uqba Ibn Nafi. Elle ne s'est pas non plus déshabillée."
"Ce qu'elle a fait visait seulement à rappeler aux salafistes radicaux que la Tunisie est le pays des libertés individuelles, pas celui de l'extrémisme religieux, et elle avait le droit de le faire", a-t-elle conclu.
Via: magharebia.com
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