"C'est une façon violente de dénoncer l'absence de femmes dans l'Eglise catholique", regrette Eva Joly au micro de Jean-Jacques Bourdin, jeudi matin. L'ex-candidate d'EELV à la présidentielle a jugé "déplacée" l'action des Femen dans Notre-Dame de Paris.
Huit féministes du mouvement Femen se sont exhibées seins nus, mardi matin, dans la nef de Notre-Dame pour "fêter le départ du pape" Benoît XVI avant d'en être expulsées manu militari par le service d'ordre de la cathédrale. "Déjà, a poursuivi l'élue européenne, les seins nus dans la rue on n'apprécie pas, et à Notre-Dame encore moins, et c'est aussi un manque de respect pour les croyants".
Et il n'y a pas qu'Eva Joly. L'opération coup de poing a provoqué l'indignation de toute la classe politique.
Des élus de droite et du centre:
Certains considèrent que c'est la provocation de trop et qu'il faudrait agir pour les empêcher de recommencer. Les sénateurs de Paris, Yves Pozzo di Borgo (UDI) et Pierre Charon (UMP) écrivent dans un communiqué commun qu'il est "incompréhensible que ces activistes étrangères ne soient pas empêchées d'agir, surtout aujourd'hui où il y a une conjoncture spéciale". Ils poursuivent en accusant le gouvernement de cultiver l'immobilisme dans leur propre intérêt: "Nous connaissons le sérieux et l'efficacité de la préfecture de Police. Il faut donc s'interroger sur son instrumentalisation possible par le gouvernement".
Les sénateurs font même un rapprochement, dans un raisonnement tordu, avec la loi ouvrant le mariage aux personnes de même sexe, votées par l'Assemblée nationale, le même jour. Ils déplorent ainsi qu'en "optant pour un certain laxisme, (le gouvernement) recherche manifestement des réactions violentes afin de ternir très certainement l'image des croyants, pour la plupart opposés à la réforme du mariage" et son ouverture aux couples homosexuels".
Lionnel Luca a de son côté réagi par l'ironie en twittant: "On attend avec impatience les Femen à la mosquée de Paris vendredi juste pour le fun..."
Condamnation de tout le gouvernement
Pourtant, l'exécutif a condamné cette action du groupe féministe. Manuel Valls, a fait part, mardi soir, "de sa consternation face aux agissements des neuf membres du groupe Femen, condammant "une provocation inutile" et témoignant "de son soutien aux catholiques de France qui ont pu être offensés par ce geste grossier." Le ministre de l'Intérieur a ajouté: "Si la laïcité permet à chacun de croire ou de ne pas croire en toute liberté, la République entend, dans le même temps, garantir à tous les croyants de pouvoir pratiquer leur religion dans la dignité et le respect mutuel".
A l'issue du conseil des ministres de ce mercredi, Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole de l'exécutif et ministre des Droits des femmes, a renchéri en qualifiant cette provocation d'"inutile". Le maire PS de Paris Bertrand Delanoë a également condamné cette action et fait part de sa "tristesse". "Je réprouve un acte qui caricature le beau combat pour l'égalité femmes-hommes et choque inutilement de nombreux croyants", a-t-il déclaré.
Les Femen sont connues depuis 2010 pour leurs actions "topless" en Russie, en Ukraine, à Londres ou encore récemment sur la place Saint-Pierre à Rome pendant que le pape récitait l'Angelus. Elles ont installé à Paris en septembre 2012 "le premier centre d'entraînement" au "nouveau féminisme". Le groupe avait préparé leur provocation en prévenant les agences de presse.
Leurs méthodes n'ont jamais fait l'unanimité, mais cette intrusion dans Notre-Dame-de-Paris a choqué au-delà de la droite traditionnelle. Une provocation de trop?
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Via: lexpress.fr
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