Manifestation des Femen vendredi à Berlin pour les militantes emprisonnées en Tunisie./ Photo DDM
Deux Françaises et une Allemande sont en prison en Tunisie : elles sont Femen et doivent répondre de «débauche», un délit passible de six mois de prison ferme, après avoir manifesté seins nus à Tunis en soutien à la militante tunisienne Amina Sbouï, le 29 mai. Elles seront fixées sur leur sort le 12 juin, après le report cette semaine de leur procès.
Mais dans une Tunisie qui a du mal à gérer la sortie de l’ère Ben Ali et ses 25 ans de dictature, ce soutien inattendu a créé un sentiment de gêne, voire de confusion. Et certains y voient un risque réel qui pourrait en premier lieu aggraver la situation d’Amina, et en second lieu faire jurisprudence et donner du poids aux arguments des salafistes qui pointent du doigt la dépravation des mœurs.
Exposition médiatique
Vendredi dans la matinée et sous un soleil radieux, trois autres Femen ont été arrêtées à Berlin où elles manifestaient, seins nus, avant la venue du Premier ministre tunisien. Elles étaient devant la chancellerie allemande, et ont été arrêtées après avoir crié «Merkel free femen».
Deux d’entre elles portaient une cagoule noire et il était écrit sur leur poitrine : «Joséphine, Marguerite, Pauline, Amina».
La chancelière allemande Angela Merkel a espéré, devant le Premier ministre tunisien, Ali Larayedh, «un traitement juste» des quatre Femen actuellement en procès en Tunisie.
«Nous en avons parlé ensemble et nous avons fait part de nos attentes tout en sachant que le gouvernement et la justice sont des institutions différentes», a dit avec conviction Angela Merkel.
De son côté, M. Larayedh a déclaré considérer les événements qui ont eu lieu jusqu’ici comme «justes» et espérer que «le traitement de la justice continuera d’être juste». «Ces événements ne doivent pas être évoqués de façon surdimensionnée», a-t-il poursuivi, estimant que les droits des jeunes filles et leur dignité étaient garantis.
Au fond c’est cette question de l’exposition médiatique, relayée en temps réel, partout dans le monde grâce aux réseaux sociaux, qui est au cœur du débat.
Fondé à Kyiv en 2008
Mouvement né en Ukraine, il a développé une branche dure du féminisme, le «sextrémisme». Et ce mouvement s’est fait très vite connaître sur la scène internationale pour organiser des manifestations de femmes seins nus. Les Femen veulent par ces actions spectaculaires et menées en général façon commando, défendre le droit des femmes.
Stéphanie Duncan, qui anime chaque semaine sur France Inter l’émission «Les femmes, toute une histoire», voit dans ce mouvement une tendance à rapprocher de celle des indignés : «C’est un mouvement qui correspond à quelque chose de fort chez les jeunes femmes, on peut y voir, comme chez les Indignés, la même expression de révolte. Ce n’est pas un hasard si le mouvement est né en Russie, une terre de révolution».
Mais ce combat, porté dénudé sur la place publique, a ses détracteurs. Notamment depuis que les religions sont visées. Ainsi politiques de gauche et droite avaient-ils dénoncé «la provocation inutile» faite en février dernier par huit Femen qui avaient investi Notre-Dame de Paris seins nus en criant des slogans hostiles au pape.
Via: ladepeche.fr
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