Le Front national veut empêcher l’UE d’avancer

Le parti de Marine Le Pen dit n'avoir "aucune inquiétude" pour former un groupe au Parlement européen après les élections du 25 mai. Et fait l'impasse sur un programme politique.

Marine Le Pen a lancé mardi 22 avril sa campagne pour les élections européennes en présence des Femen et d’une meute de photographes et de caméras. Un cocktail d’images frappantes entremêlées de formules-chocs. « Soutenir l’UE c’est agir contre la France », « l’UMPS a toujours soutenu la construction européenne » ou encore « les directives pourrissent la vie de nos peuples ».

En revanche sur les questions de fond, le parti qui est aujourd’hui donné gagnant dans certains sondages en France, avec environ 22 % des intentions de vote pour les élections européennes, est resté discret. Il ne présente ni programme, ni projet d'alliances.

« Dans notre esprit, cette campagne est nationale. Nous n’avons pas à débattre avec les autres pays » a assuré Marine Le Pen. Une vision qui contrecarre ses ambitions : faute d’alliés européens solides, le Front national risque de se trouver isolé à Strasbourg.

Mystère sur l’après 25 mai

Il n’a notamment pas dévoilé avec quels autres partis il pourrait former un groupe au Parlement européen, une étape incontournable pour peser dans l’hémicycle. Un groupe ne peut se constituer qu’avec 25 députés d’au moins 7 pays différents.

Or le parti britannique UKIP ou encore Alternative fur Deutschland se refusent de faire alliance avec le parti d’extrême-droite français.

« Je n’ai aucune inquiétude sur la constitution future d’un groupe au Parlement européen, mais nous rendrons publics nos partenaires ultérieurement » a assuré Marine Le Pen.

A l’exception du parti néerlandais de Geert Wilders, et du parti autrichien de la liberté, FPÖ, aucun autre parti européen n’assume pour l’heure l’idée de s’associer avec le Front national.

Propos racistes

Ces deux partis ont tous deux été contestés depuis le début de la campagne pour les élections européennes pour leurs propos racistes.

Aux Pays-Bays, le parti néerlandais a chuté dans les sondages après avoir dit qu’il souhaitait voir moins de Marocains dans le pays.

Lire Le partenaire néerlandais du Front national accusé de racisme.

 En Autriche, le leader Andreas Mölzer a du démissionner pour xénophobie.

Le Front national a néanmoins cité d’autres partis, comme Fratelli Italia et la Ligue du Nord en Italie, ou les Lituaniens du parti Ordre et Justice, ou les Démocrates suédois. « Nous avons eu des contacts, mais nous ne prendrons aucune décision avant les élections européennes » confirme un porte-parole des Démocrates suédois.

Le député Nicolas Dupont-Aignan et son parti Debout La République (DLR) ont meilleure presse auprès des autres partis très à droite de l’Europe. Et si Nigel Farage, le dirigeant d’Ukip, refuse de faire cause commune avec le Front National qu’il accuse d’antisémitisme, il s’affiche plus ouvertement avec Nicolas Dupont-Aignan. L’assistante parlementaire de Nigel Farage est d’ailleurs candidate pour DLR dans la région Est.

« Les propos de Nigel Farage à notre égard sont ignominieux. Mais Nicolas Dupont-Aignan a fait entrer dans son parti Gilles Bourdouleix, qui estime qu’Hitler n’a pas tué suffisamment de gens du voyage » a rappelé Marine Le Pen.

L’ambiance n’est clairement pas aux amabilités entre les différents courants nationalistes.

Enpêcher l'UE d'avancer

Interrogée par EurActiv sur ce que proposeraient les députés européens en matière d’économie et d’éventuels changements de traités, Marine Le Pen est restée vague, indiquant que son projet était « d’empêcher que l’Union européenne continue à avancer », et que « les députés qui seraient élus contribueraient à limiter les règlementations qui contraignent l’économie française ».  L’élue a aussi avancé que l’extrême-droite serait sans doute aidée dans ce projet « par les élus d’extrême gauche, même si cette idée leur déplait fortement ».

Elle a enfin estimé que le fait que les députés européens étaient là pour « défendre la France ».

Sur la question de l’écologie, la leader du Front national a expliqué que des propositions seraient précisées plus tard.

Droits de douane

« L’Union européenne fait plus de mal que de bien qu’à la planète puisqu’elle fait fabriquer à l’étranger ce qu’elle consomme et incite à l’importation de produits de pays comme la Chine », laissant entendre que la politique écologique du Front National reposerait sur un projet de mise en place de droits de douane

La question des droits de douane est chère au parti d’extrême-droite, qui plaide pour des droits de douane différents, alors que l’UE tente.

La leader du Front national avait ainsi expliqué il y a deux semaines qu’il ne fallait pas mettre de droits de douanes sur le café, puisqu’on n’en produisait pas.

En fait les droits de douane sur le café sont très faibles. Et l’argument des droits de douane est à double tranchant : la balance commerciale de l’Europe étant excédentaire, la mise en place de droits de douane importants risque de coûter plus qu’elle ne rapportera. Les pays dont les pays seraient soumis à des droits de douane importants risquent de riposter, ce qui limitera la capacité des pays européens à exporter.

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Via: euractiv.fr


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