C’est en plongeant dans les journaux de guerre de 14-18 que nous sommes tombés sur un cliché étonnant. Une femme digne et belle. Le dos nu barré d’une inscription en lettres capitales  : «VOTES FOR WOMEN».

Le commentaire qui accompagne la photo, le voici  : «Avec les progrès incessants de la réclame, il faut chaque jour trouver les moyens, de plus en plus originaux, de faire triompher ses idées. Voici l’une des dernières façons, imaginée par les dames anglaises et américaines pour faire admettre le vote des femmes. Cette dame au décolletage dorsal, généreux et tatoué, paraît de temps à autre dans les réunions publiques».

La photo est donc publiée au début du siècle dernier. On peut considérer la dame prise en photo comme une aïeule du mouvement Femen. Pour l’époque, attirer de cette façon l’attention sur son dos avec une telle inscription valait bien l’exposition de deux seins peinturlurés. Dans notre société décomplexée, dévoiler son intimité mammaire ressort presque de l’ordinaire.

Sur le fond, on notera que le combat tatoué dans le dos de cette élégante est un combat dirigé vers l’amélioration du statut de la femme. Il s’inscrit dans le fameux mouvement des suffragettes amorcé dès 1876 par Hubertine Auclert qui réclame le «suffrage des femmes» et qui obtiendra plus large audience avec la création du «Women’s Social and Political Union» au Royaume-Uni en 1903.

La lutte maintenue pendant la guerre portera ses fruits. C’est que celle-ci a remis les pendules à l’heure. Les Femmes n’ont-elles pas montré par temps de guerre qu’elles pouvaient prendre la place des hommes? En 1918, le Parlement du Royaume-Uni accorde un droit de vote partiel aux femmes qui sera étendu dès 1928. Ce qui avait déjà été fait aux États-Unis en 1919.

Et la Belgique? Une loi de 1921 permettra aux femmes de voter aux communales et de se présenter aux élections communales et législatives. Mais il faudra attendre 1949 avant d’avoir un droit plein et entier.

Bref, qu’on le veuille ou non, ce dos nu a participé à l’évolution des mentalités. Et les Femen? Bof, on leur reprochera qu’à force de vouloir étendre leurs actions, elles ont affaibli leur propre mouvement. Exhiber sa féminité pour revendiquer les droits des femmes, c’est de la provoc’, mais ça a du sens. Imaginez ce dos nu revendiquant l’indépendance de la Laponie, quel intérêt? Sinon celui d’une «réclame» un peu trop facile…

Via: lavenir.net

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