Les belles les rebelles

Les puritains, les grincheux et quelques autres jugeront sans doute excessif le féminisme militant des Femen, ces jeunes femmes qui s'expriment poitrine au vent pour dénoncer, en tous lieux et toutes circonstances, les oppressions, les intégrismes et les machismes de toutes sortes.

Iconoclastes, les Femen ? Bien sûr ! Et elles ne s'en cachent pas. Courageuses ? Il arrive qu'elles ne manquent pas de bravoure. Irrespectueuses ? Forcément, puisqu'elles affirment, par leur présence-choc et par leurs cris, combattre les fascismes les plus divers.

Que trois d'entre elles, sur un balcon dominant la place de l'Opéra où allait s'exprimer Le Pen fille, aient osé défier hier matin l'ordonnancement martial du défilé Front national ressemblait même, face à la foule qui les conspuait, à un coup d'éclat habilement préparé, et qui ne manquait ni de culot ni d'un art consommé de la provocation.

Que dire en revanche de la manière violente – et sans doute illégale – avec laquelle des membres du service d'ordre du Front national ont grimpé à l'étage d'un lieu privé, pour empoigner et déloger nos contestataires ? Les images et les premiers témoignages donnent à cet incident une connotation très déplaisante. Que dire également des coups portés à des membres d'une équipe de télévision – «Le Petit Journal» de Canal + dont on connaît, là encore, le penchant sarcastique ? Quand un parti ne supporte ni la contradiction ni la contestation et que la politique devient alors une affaire de coups, voilà bien l'image déchirée de la démocratie.

Dans le cadre de la fameuse entreprise de «dédiabolisation», on avait réussi à écarter Le Pen père et ses propos outranciers. Hier, on l'apercevait comme un spectre déchu se faufilant dans la foule. On l'avait officiellement privé de micro et de tribune. Et pourtant, en ce 1er mai, par la bouche de la fille, on a bel et bien retrouvé le Front national du père, «ses» fantasmes et ses références, le Front de toujours, tel qu'on le connaît, à travers la brutalité du service d'ordre, mais aussi à travers la violence des propos de sa présidente, dont le discours trahissait mal les obsessions purement xénophobes. Que dire en effet de la captation d'héritage, pour ne pas dire de l'escroquerie, s'agissant de la laïcité – dont elle se sert uniquement pour porter des coups à une religion précise –, s'agissant aussi de Jeanne d'Arc dont le symbole de résistance face à l'occupant colle mal aux passions pétainistes de certains ?

Autrefois, les chroniques du 1er-Mai célébraient selon l'époque, les grandes avancées de la classe ouvrière, les heures d'unité syndicale, le temps des cerises ou plutôt du muguet, en un mot cette France, «la belle la rebelle», que chantait Jean Ferrat… Hier, il n'y avait de belles et rebelles que trois filles sur un balcon.

Via: ladepeche.fr


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