Mesdames, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
« Ici, tout le monde s’appelle Emma. On veut garder notre anonymat pour mettre l’accent sur le mouvement « Femen » et non pas sur les individus. Nous nous sommes toutes engagées pour des raisons différentes, mais avec un seul but : la lutte pour l’égalité homme-femme. »
Pourquoi avoir voulu créer un groupe Femen à Poitiers ?
« Que ce soit clair, il n’y a pas de groupe « Femen Poitiers » en tant que tel. Nous soutenons le « réseau Femen France ». Nous avons d’ailleurs rencontré Inna Shevchenko (la créatrice du mouvement, ndlr), à Paris. Notre avons eu son aval pour notre action réalisée lors des Journées du patrimoine. Nous nous sommes mises d’accord sur le slogan « Femen, pas FN » et le symbole de Jeanne d’Arc(*). Elle nous a expliqué les postures à adopter : les seins nus et le poing levé… »
L’objectif était bien d’attirer l’attention des médias…
« Exactement ! Et ça a marché. On a mis quatre photos sur Facebook le dimanche et, depuis, on a reçu vingt-trois appels de journalistes ! C’est la première fois que nous sommes autant sollicitées et, pourtant, nous avons toutes d’autres activités. »
Votre action a été très controversée et les réactions n’ont pas manqué sur les réseaux sociaux. On vous reproche notamment de « dégrader l’image de la femme »…
« La poitrine est encore très sexualisée, alors que sa fonction première est d’allaiter les enfants. Que l’on voit en gros plan les seins d’une femme sur un panneau publicitaire pour vendre une voiture, ça ne pose de problème à personne. En revanche, dès qu’il s’agit de s’en servir pour défendre une cause, tout le monde s’indigne ! Où est la logique ? Nous avons prévu d’autres actions, toujours pacifiques, sans dévoiler nos seins. Mais est-ce que les journalistes y seront toujours aussi sensibles ? Si l’on n’attire plus autant l’attention, nous allons réaliser exactement la même action, mais avec la poitrine dénudée. L’idée, c’est de bien montrer aux gens que ce ne sont pas nous, les Femen, qui voulons à tout prix mettre nos seins à l’air, mais que c’est la seule manière de faire entendre nos revendications.»
Justement, on entend dire que la lutte féministe n’a plus de sens aujourd’hui. Quelles sont vos revendications ?
« Une femme sur trois se fait battre ou violer tous les jours. Des filles se font refuser l’entrée à l’école, car elles sont habillées en short, une tenue jugée « indécente ». Si une femme est habillée de façon « sexy », on rejette la faute sur elle en cas d’agression sexuelle. Un homme gagne en moyenne 30% de plus qu’une femme pour le même poste. Dans la rue, on se fait traiter comme des objets. Ça ne suffit pas comme raisons ? Et puis, nous ne défendons pas que les femmes occidentales, mais aussi toutes les minorités du monde entier. Les homosexuels, les transgenres… Il existe une maxime qui dit « Si ce n’est pas moi, ce sera qui ? Et si ce n’est pas maintenant, ce sera quand ? » »
(*) Dimanche 21 septembre, les jeunes femmes avaient posé seins nus, avec l’inscription «Femen pas FN» devant la statue de Jeanne d’Arc, rue des Cordeliers.
Via: 7apoitiers.fr
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