Quelques heures seulement après avoir atterri à Paris, les trois Femen libérées de prison en Tunisie ont donné une conférence de presse. Au Lavoir moderne, le camp de base du mouvement, dans le XVIIIe arrondissement, en tee-shirts blancs et couronnes de fleurs sur la tête, elles sont dès leurs premiers mots revenues sur les regrets exprimés devant le tribunal. « Nous étions coupées de l’extérieur, s’est justifiée l’Allemande Joséphine Markmann, 20 ans. Et, en prison, nous avons subi d’importantes pressions physiques et psychologiques. »
« Nous n’avions aucun contact à part avec nos ambassades. Elles nous ont conseillé de nous excuser, nous expliquant que c’était notre dernière carte à jouer, a ajouté la Française Pauline Hillier, 26 ans. Nous avons considéré que nous n’avions pas vocation à être des martyres et que nous serions plus efficaces libres pour continuer la lutte. » « Nous avons regretté, mais nous ne nous sommes pas excusées, Femen ne s’excuse jamais », a continué Jospéhine Markmann. L’une des lignes de conduite du mouvement Femen est en effet normalement de ne jamais demander pardon. Dans leur manifeste, publié en mars 2013, les fondatrices du mouvement féministe ukrainien expliquaient ainsi avoir été déçues par les Pussy Riot qui ont fait leur mea culpa. Pendant le procès, la militante allemande a précisément déclaré : « Je regrette beaucoup, je ne pensais pas que mon action serait perçue comme une atteinte aux personnes, je présente mes excuses et ne referai jamais la même action. »
Après avoir répété plusieurs fois qu’évidemment elles n’avaient jamais pensé leurs regrets, les trois Femen ont décrit leurs conditions de détention. « Elles sont allées de mal en pis, a commencé Pauline Hillier, nous avons été enfermées au palais de justice dans une pièce sombre, insultées et frappées par la police. Une fois en prison les humiliations étaient quotidiennes, comme par exemple quand une gardienne vous demande de retirer votre protection hygiénique devant tout le monde et la poser dans le couloir. »
Précisant bien que ce sont des conditions « communes à toutes les détenues », elles ont parlé des cafards pullulant, de la douche mensuelle, des lits à partager à deux dans une pièce de 30 personnes. La troisième, Marguerite Stern, tremblante, semblant au bord des larmes à cause de la fatigue, a parlé de « tyrannie religieuse en prison. Le seul livre autorisé est le Coran, et ils nous imposaient de regarder des émissions religieuses ou des dessins animés à la télévision ».
En fin de conférence, si elles ont expliqué qu’elles ne retourneraient pas en Tunisie, elles ont réaffirmé qu’elles continueraient de se battre pour obtenir la libération d’Amina.
Par QUENTIN GIRARD, Libération
Via: kabyles.net
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