Les Femen ou l’invention du " sextremisme "

Les Femen ou l invention du sextremisme

© AFP

Qui sont vraiment les Femen ? Pop-up activistes d’un nouveau genre, elles surgissent tels de beaux diables, sans prévenir, là où elles estiment les droits des femmes piétinés. Leurs seins nus, leurs couronnes de fleurs et leur radicalité leur ont assuré la gloire. Mais suscitent aussi beaucoup de questions. Un livre passionnant vient éclairer ces zones d’ombre. Dans « Femen » (éditions Calmann-Lévy), les quatre fondatrices – Inna Shevchenko, Sacha Chevtchenko, Anna Hutsol et Oksana Chatchko – se sont racontées à Galia Ackerman, historienne et journaliste spécialiste de la Russie. Interview.

ELLE.fr. Comment définiriez-vous leur mouvement ?
Galia Ackerman. C’est un groupe féministe novateur. Elles ont inventé leur version du féminisme, très engagé physiquement, qu’elles appellent « pop féminisme » ou « sextremisme ». Leur objectif ? La révolution, la fin du patriarcat. Pour cela, elles pratiquent  l’« actionnisme » politique, dans la droite ligne des actionnistes artistiques viennois ou russes. Mais leur propos est purement politique. Elles sont prêtes à tout : la réalité des Femen, ce n’est pas le glamour sur papier glacé. Ce sont des centaines d’actions effectuées ces dernières années et des violences subies (visages traînés sur l’asphalte par ceux qui tentent de les évacuer, dents cassées, blessures, contusions, menaces, exil).

ELLE.fr. D’où viennent ces convictions inébranlables ?
Galia Ackerman. Trois d’entre elles – Anna, Oksana et Sacha – se sont rencontrées dans la petite ville de Khmelnitsky, en Ukraine occidentale. Inna a rejoint le groupe à Kyiv. Elles sont issues de cette génération qui n’a pas connu l’Union soviétique : pour elles, il en reste juste une odeur de chocolat et de mandarine… En 2004, la Révolution orange leur a donné un élan libératoire. Mais elles sont surtout très marquées par les années 1990, celles de la débâcle. L’Ukraine, comme la Russie, s’est alors considérablement appauvrie. Une partie de la population a connu le déclassement, tandis qu’une minorité s’est enrichie. Il en est né un énorme sentiment d’injustice. En 2008, les trois jeunes filles adhèrent à un « Cercle de rue », espace de réflexion et d’échanges pour étudiants. Elles y découvrent le marxisme. Et avec lui un horizon, une autre vie possible. Studieuses, elles lisent le « Capital » de Marx et s’enflamment pour « La Femme et le socialisme » d’August Bebel. C’est cet ouvrage qui leur donne le socle de Femen, l’outillage linguistique, le fond idéologique. Elles décident de fonder leur mouvement, avec l’idée de se consacrer aux droits des femmes dans cette société ukrainienne si machiste.

ELLE.fr. Aujourd’hui, elles se sont implantées en France et leurs actions connaissent un grand impact. Quel pourrait être leur avenir ?
Galia Ackerman. Leurs actions se radicalisent. Les Femen évoluent à une vitesse vertigineuse. De chaque action, elles tirent des leçons et affinent leur modus operandi. Leur existence médiatique, qui est au cœur même de leur procédé, les oblige à toujours plus d’audace pour garder l’intérêt des médias en éveil. Mais que se passera-t-il quand celui-ci sera épuisé ?

ELLE.fr. Inna Shevchenko, la leader de Femen France, semble très déterminée…
Galia Ackerman. En effet, elle dit dans le livre : « Je pourrais bien finir mes jours quelque part en Irak ou en Iran, dépecée par une foule fanatique. » Ce qui témoigne aussi du questionnement qui doit être le sien sur l’avenir du mouvement.

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Via: elle.fr


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About FEMEN

The mission of the "FEMEN" movement is to create the most favourable conditions for the young women to join up into a social group with the general idea of the mutual support and social responsibility, helping to reveal the talents of each member of the movement.

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