Il est joli cet idéal antique des citoyens libres débattant sereinement l'avenir de la cité et cherchant à y faire régner la Justice.
À l'époque, qui tenait la Parole? 10% des habitants peut-être, dans l'Athènes de Périclès. Facile d'arriver au consensus entre exploiteurs miniers, commerçants et officiers.
Qui détient la Parole aujourd'hui? Est-elle disponible à tous les timbres, tous les accents, toutes les grammaires? L'idéal de citoyenneté fondée sur l'épanouissement individuel oublie que les individus sont fondés dans la communauté, qui en favorise certains et en paralysent d'autres, et que cette communauté n'est pas toujours facile d'accès, selon les balises qui la rassurent.
Ceux qui ne tiennent pas le porte-voix, médias de masse ou influence politique, financière, culturelle, n'ont d'autres choix que de s'unir pour se faire entendre, car les Gentils parleurs ne s'adressent pas à eux. Par des marches qui solidarisent et expriment, comme par diverses autres actions d'éclat. Il arrive que ce soit l'unique manière de faire vivre une Idée.
Il n'y a pas d'espace propre, pas de consensus, pas d'harmonie au village, contrairement à la bonne volonté bourgeoise. Il y a tension, débat, remise en question des autorités, cycle des influences. Ce qui ne veut pas dire violence, pour autant que la société ait la flexibilité et l'assurance pour se déployer : la violence est souvent l'énergie vive heurtant le statu quo.
Via: ledevoir.com
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