«Les rassemblements de masse sont interdits jusqu'au 7 janvier 2014», sur la place de l'Indépendance, lieu traditionnel des manifestations à Kyiv, ainsi que dans les rues où se trouvent les locaux de l'administration présidentielle, du parlement et le siège du gouvernement, a indiqué l'avocate Evguenia Zakrevskaïa, citant une décision de la justice ukrainienne.
Des Femen urinent sur la photo du président ukrainien à Paris
Des militantes du groupe féministe Femen ont uriné dimanche matin sur une photo du président Viktor Ianoukovitch, devant l'ambassade d'Ukraine à Paris, pour dénoncer la répression de l'opposition à Kyiv après la volte-face du pays à l'égard de l'UE. Cinq militantes Femen, mouvement protestataire originaire d'Ukraine, se sont réunies vers 9H30 devant l'ambassade, dans le VIIe arrondissement de Paris, seins nus, le torse couvert de l'inscription «Yanukovych piss off» («Ianoukovitch dégage!»). Culotte baissée, des couronnes de fleurs dans les cheveux, elles ont longuement uriné sur des photos du chef de l'Etat, au cri de «l'Ukraine en Europe», avant de se rhabiller et de quitter les lieux sans incident. «Nous sommes venues pour dire à l'Europe que nous avons besoin d'aide», a expliqué Inna Shevchenko, chef de file des Femen en France, en dénonçant «l'influence» exercée par le président russe Vladimir Poutine sur Kyiv.
L'opposition, qui reproche au président d'avoir tourné le dos à l'UE et durci le régime, a réussi à mobiliser des dizaines de milliers de personnes à Kyiv il y a une semaine, au début des manifestations.
Un test pour l'opposition
Le rassemblement de dimanche constitue un test des capacités de l'opposition à mobiliser, d'autant plus qu'outre l'interdiction de se rassembler, il aura lieu dans une atmosphère tendue suite à la dispersion violente samedi matin par les forces antiémeute des manifestants qui occupaient la place de l'Indépendance.
Néanmoins, dimanche, le dirigeant du parti Oudar et champion du monde de boxe Vitali Klitschko a maintenu son appel au rassemblement. «C'est seulement ensemble que nous pouvons changer la situation dans le pays. C'est pourquoi, il faut aller dans la rue et faire part de son opinion de manière pacifique», a-t-il dit, selon un communiqué du parti Oudar.
FEMEN appelle le monde entier à pisser sur les opinions de Yanukovich et à le sortir du monde politique. pic.twitter.com/vvdcZ29c6N
— FEMEN France (@Femen_France) 1 Décembre 2013
Lettre de Ioulia Timochenko
Dans une lettre lue samedi par sa fille Evguenia, l'opposante emprisonnée et ex-Premier ministre Ioulia Timochenko avait elle aussi appelé à la mobilisation. «Ne quittez pas la rue tant que le régime ne sera pas renversé», a déclaré Mme Timochenko, qui purge une peine de sept ans de prison et dont l'Union européenne a réclamé la libération.
Le rassemblement de dimanche, initialement prévu à midi (11h luxembourgeoises) place de l'Indépendance, un haut lieu de la Révolution orange menée par Mme Timochenko en 2004, a été déplacé dans un parc du centre-ville, près d'un monument érigé à la mémoire du poète et héros national Taras Chevtchenko.
Rassemblement de milliers de personnes samedi soir
Environ 10 000 personnes, selon l'estimation d'un correspondant de l'AFP, se sont rassemblées samedi soir sur la place Mikhaïlovskoe, non loin de la place de l'Indépendance d'où l'opposition avait été délogée le matin. Dans la nuit, les automobilistes n'ont cessé d'actionner leurs avertisseurs dans les rues de la capitale. Nombre de conducteurs arboraient des drapeaux ukrainiens et européens.
Environ 500 personnes ont de plus passé la nuit avec des braseros pour se réchauffer, sur la place Mikhaïlovskoe. Certains y ont reçu des soins après avoir été blessés lors de l'opération visant à les déloger de la place de l'Indépendance.
Manifestants dispersés par la force
Samedi à l'aube, les forces antiémeute ont dispersé avec violence, à coups de matraque et à coups de pied, un millier de manifestants qui occupaient cette place, faisant une trentaine de blessés. Les manifestants dénonçaient la volte-face du président Viktor Ianoukovitch qui a refusé vendredi lors d'un sommet à Vilnius de signer un accord d'association avec l'UE, en préparation depuis des mois, et qu'ils accusent de renvoyer le pays dans les bras de la Russie.
Dimanche, le président ukrainien a cependant réitéré sa volonté de poursuivre le rapprochement avec l'Union européenne. «Je vais faire mon possible pour accélérer le processus de rapprochement de l'Ukraine avec l'Union européenne, tout en évitant d'importantes pertes pour notre économie et la détérioration du niveau de vie», a-t-il déclaré dans un communiqué.
Promesse du président
Viktor Ianoukovitch a par ailleurs condamné samedi l'usage de la force contre les manifestants et ordonné une enquête. «Je suis profondément indigné par les événements qui ont eu lieu au cours de la nuit sur la place de l'Indépendance» à Kyiv, a-t-il dit dans un communiqué. Mais les dirigeants de l'opposition, qui se sont réunis samedi pour décider de leur stratégie après une semaine de manifestations, ont dénoncé un durcissement du régime.
Arseni Iatseniouk, un leader du parti Batkivschina (la Patrie) de Mme Timochenko, a annoncé que l'opposition réclamait «la démission du gouvernement et du président, des élections présidentielle et législatives anticipées». Les Etats-Unis et l'UE ont condamné le recours à la violence contre les manifestants.
(L'essentiel Online/ats/AFP)
Via: lessentiel.lu
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