Mais qu’ont-ils donc tous (et toutes) contre les Femen ?

Femen arrêtée à Bruxelles lors de la visite de Poutine en décembre 2012 

29 mai : pour soutenir leur consœur tunisienne, Amina, qui passait en jugement, trois Femen européennes se sont présentées seins nus devant les grilles du tribunal de Tunis. Immédiatement prises à partie par une foule en colère. Mais il n’y a pas qu’en terre musulmane que fleurissent contre ces égéries les tentatives de lynchage.

Chez nous pareil. Et pas seulement parmi les bataillons de bénits-oui-oui façon « Manif pour tous », ou dans les rangs des conservateurs étriqués. Mais aussi chez celles et ceux qui pourtant se vantent de défendre des causes similaires.

Un dépit de chapelles

Les féministes pures et dures, par exemple. Pour celles-ci, ce ne sont pas les causes défendues qui posent problème, mais la méthode. Argumentation :

  • les Femen font la une des médias (donc forcément suspectes) ;
  • une Femen ne saurait être qu’un canon de jeunesse et de beauté (donc forcément sans cervelle) ;
  • elles réduisent les femmes à leur corps et à leur sexualité (des bêtes !) ;
  • elles font de l’ombre aux VRAIES féministes (habillées, intelligentes, politiquement responsables).

« Tant pis pour les milliers de femmes qui ont le mauvais goût de lutter pour leurs droits tout habillées, et/ou d’offrir un spectacle moins conforme aux critères dominants de jeunesse, de minceur, de beauté et de fermeté » (Mona Chollet).

La technique est éprouvée, mais très discutable : on ne critique pas vraiment une personne ou un groupe pour ses actes ou ses pensées, mais pour la récupération qu’en font prétendument les autres (ici les médias, le public supposé plus émoustillé que converti à la cause).

Bref, ça sent surtout un tantinet le dépit et l’aigreur jalouse de chapelles menacées en leur pré-carré. Pour un peu, je ne voudrais pas dire (mais je le dirai quand même), ça tournerait presque à du machisme à l’envers.

Le sexe subversif

Autant d’accusations un brin douteuses auxquelles il est aisé de répondre :

  • une cause qui ne reçoit pas sa dose suffisante de « clics approbateurs » et reste confinée aux cercles jaloux de ses grands prêtres ou prêtresses est une cause enterrée, réduite souvent à une posture intellectuelle (il n’y a rien de mal à défendre une cause perdue, mais beaucoup de médiocrité à s’en contenter) ;
  • la jeunesse des Femen (non exclusive par ailleurs) serait plutôt un gage rassurant de l’engagement de cette jeunesse ;
  • le sexe vraiment libre n’est pas obligatoirement confiné à des rubriques soigneusement délimitées, et ne devient pas malsain ou populiste dès lors qu’il déborde dans les champs politiques ou sociaux ;
  • à la différence d’une Mona Chollet, les Femen ne lui intiment pas d’enlever son soutif pour avoir droit de se prévaloir de la cause féministe. Elles font leur truc sans se poser en moralistes ou en guides suprêmes de tou(te)s les autres.

Que les Femen utilisent leurs armes pour défendre leur cause, c’est leur problème. Le sexe devient vite subversif dans les périodes coincées du cul comme celle que nous traversons. A chacun de trouver les siennes. Le reste n’est que glose assez gonflante.

Une jubilation joyeuse et communicative

Il y a une autre raison qui les rend infiniment sympathiques, ces Femen : vous avez remarqué, elles rient toujours. Il émane d’elles une sorte de jubilation joyeuse et communicative, comme celle de leurs aînées festives du « Peace and Love » des années 70.

J’ai la faiblesse de penser que ces dernières, comme les Femen aujourd’hui, firent et font au moins autant pour l’émancipation féminine que bien des discours moralisateurs échangés entre happy few initiés.

De même suis-je persuadé que la tunisienne Amina et sa copine égyptienne Aliaa finiront par être d’un bien plus grand secours pour leurs sœurs musulmanes que les chars de François Hollande dévalant dans le désert malien contre des islamistes fantômes.

Je trouve enfin particulièrement dégueulasse et moche, façon couteau dans le dos, de remettre en cause l’action de ces filles au moment où elles prennent tous les risques pour défendre des causes jugées justes, même par celles et ceux qui les attaquent.

Et puis, foin des effarouché(e)s vertueux(ses), les Femen, ça ne date tout de même pas d’aujourd’hui !

La Liberté guidant le peuple, d’Eugène Delacroix

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