C'est une lettre envoyée à titre personnel, avec l'en-tête de la Mairie de Paris, au curé de la paroisse de la Madeleine, le père Bruno Horaist. La candidate socialiste à la mairie de Paris, Anne Hidalgo, y dit son « soutien » au prêtre après avoir découvert le 20 décembre la mise en scène des Femen devant l'autel de l'église. Pour mémoire, la militante Héloïse Bouton, accompagnée de photographes, avait alors simulé l'avortement de « l'embryon de Jésus » avec des morceaux de foie de bœuf. Seins nus, suivant la pratique des Femen, et le dos barré de l'inscription « Christmas is canceled » (Noël est annulé), elle avait ensuite laissé ce symbole du « saint fœtus sanguinolent choir au pied de l'autel », comme elle explique elle-même dans une lettre ouverte. L'idée étant de protester contre la vision anti-avortement de l'Eglise.
Dans sa lettre datée du 23 décembre, Anne Hidalgo juge tout simplement ce message « violent et choquant » pour le prêtre et les paroissiens. L'élue précise : « Aucun combat, aucune manifestation n'exige aujourd'hui dans notre ville de piétiner, moquer ou stigmatiser la foi d'une communauté. » La lettre, que nous avons vue, n'a pas été rendue publique par Anne Hidalgo, car elle souhaitait ne pas en rajouter dans « l'agitation médiatique suscitée par cette provocation ». Le Père Horaist, lui, a été tellement touché par son geste qu'il a envoyé une lettre de remerciement à l'élue. Il s'agit du seul message personnel qu'il ait reçu des élus de la République.
Sur le plan politique, la lettre ne manque pas d'intérêt. Anne Hidalgo a une image anticléricale, est féministe et milite ardemment pour le droit à l'avortement. Si elle n'a jamais été associée à l'extrémisme des Femen, on ne l'avait jamais entendu prendre clairement ses distances avec ses dernières. C'est chose faite.
Accessoirement, son message permet d'infirmer la rumeur tenace sur la blogosphère catholique selon laquelle elle n'aurait pas souhaité condamner l'action des Femen, soit par peur de se fâcher avec on ne sait quelle bien-pensance médiatique, soit carrément parce qu'elle les soutiendrait. En réalité, elle semble avoir le même point de vue sur le sujet que son adversaire, Nathalie Kosciusko-Morizet, qui a condamné l'action des Femen sur son compte Twitter. Le maire socialiste Bertrand Delanoë a également dénoncé l'agissement de ces féministes dénudées.
Quant au « financement des Femen par la Ville de Paris », une thèse obscure entretenue par certains médias et réseaux de droite, elle semble plus problématique que jamais. Elle a pourtant été reprise le 27 décembre par NKM sur son compte Twitter le 27 décembre, où la candidate a déclaré qu'elle ne maintiendrait pas ce prétendu financement. La députée UMP Valérie Boyer s'intéresse depuis longtemps au mystère du financement des Femen (voir son blog ici), mais n'a jamais réussi à prouver que la mairie de Paris y soit pour quelque chose.
Bruno Horaist ne sait pas ce qu'il faut croire sur ces enjeux politiques. Il s'est contenté de porter plainte contre les Femen pour attentat à la pudeur, suivant les conseils du vicaire général du diocèse de Paris. Pour lui, « Héloïse Bouton n'a pas profané, puisqu'elle n'a pas touché au Saint-Sacrement. Elle n'a pas non plus dégradé l'église, mais elle a agi d'une manière très choquante ». Le prêtre dit ne pas avoir été atteint dans sa foi. « C'est une provocation. Je vois les Femen un peu comme des prostituées, qui ont des proxénètes politiques. Je ne pense pas qu'elle soient maîtresses d'elles-mêmes, mais travaillent sur ordre. Je les plains. J'ai pitié d'elles. Elles ne portent aucun message. »
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Via: lavie.fr
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