Marine Le Pen préférera peut-être oublier ce 1er mai. Non parce que c’était le vingtième anniversaire de la mort de Brahim Bouarram, jeté dans la Seine par un groupe d’extrême droite. Non parce que trois journalistes du « Petit journal » de Canal + ont été agressés par des militants. Mais parce que sa matinée a été émaillée d’interventions impromptues. Des militantes Femen ont interrompu le discours de la présidente du FN en criant, seins nus au balcon d’un hôtel de la place de l’Étoile : «
Heil Le Pen.
» Seulement après les huées de la foule et l’intervention très brutale du service d’ordre frontiste, Marine Le Pen a pu reprendre son discours.
Mais c’est surtout l’ombre paternelle qui brouille le message. Alors qu’un bureau exécutif doit se réunir lundi, Jean-Marie Le Pen a tenu à être présent et visible lors du rendez-vous annuel de son parti. Quelques minutes après sa fille, il a déposé une gerbe de fleurs au pied de la statue de Jeanne d’Arc. «
Jeanne, au secours
», s’est-il exclamé. Puis, avant le discours de Marine Le Pen, le président d’honneur du FN vêtu d’une parka rouge vif est monté sur la tribune pour s’attirer une acclamation.
Les scansions de son prénom s’élèvent, mais moins nombreuses que les années précédentes. Le sentiment à son égard est ambigu dans les rangs du défilé. «
Après quinze ans au FN, j’avais pris de la distance, explique Georges Dehove, venu de Valenciennes, mais je suis venu car, moralement, il faut épauler Marine.
» Ce militant appelle le fondateur du parti à «
prendre sa retraite et écrire ses mémoires
».
Un peu plus loin, Yoan, lillois, voit dans les sorties du père «
de la jalousie parce que sa fille réussit
». Avant d’ajouter : «
Personne ne le calcule, il ne donne pas le tempo.
» Cette critique ne l’empêche pas de le qualifier de «
prophète
». C’est un ancien adhérent du Parti de gauche qui fait preuve de plus de mansuétude. «
Marine ne serait pas là sans son père
», rappelle Jérôme, venu d’Aire-sur-la-Lys.
Beaucoup de militants espèrent une solution en douceur avec une mise en retrait volontaire de l’octogénaire Le Pen. Mais, même affaibli par un «
petit problème cardiaque
» récemment, le tribun ne semble pas décidé à quitter le devant de la scène.
Via: lavoixdunord.fr
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