Les deux hommes s'étaient embrassés en public devant un monument touristique de Rabat, la capitale, le 5 juin.
Le ministère de la Santé marocain envisage de dépénaliser l'homosexualité. Mais, aujourd'hui, les relations entre personnes du même sexe restent interdites. Deux hommes qui s'étaient embrassés en public à Rabat ont été condamnés à quatre mois de prison ferme ce vendredi 19 juin.
Lahcen, 38 ans, et Mohsine, 25 ans, étaient poursuivis pour "outrage public à la pudeur" et "acte contre nature avec un individu du même sexe". Ils ont également écopé d'une amende de 500 dirhams chacun (environ 45 euros). Les prévenus, qui sont revenus sur leurs aveux en garde à vue, n'étaient pas présents au moment de l'énoncé du jugement.
Deux Femen expulsées
Interrogé par l'AFP, Hassan Ettass, un des avocats de la défense, a annoncé son intention de faire appel. Il demande que les accusations de mauvais traitements à l'encontre de ses clients - relayées par l'ONG locale Aswat ("Voix") - soient étudiées en appel.
Arrêtés le 5 juin, les deux hommes étaient accusés de s'être embrassés devant la Tour Hassan, un des principaux monuments de la capitale, au lendemain d'une action menée par deux militantes des Femen sur le même site pour dénoncer la pénalisation de l'homosexualité au Maroc.
Ces deux Françaises, qui avaient posé seins nus et s'étaient embrassées devant les caméras, avaient été interpellées et expulsées le soir-même. Les autorités marocaines avaient alors dénoncé "une offense inacceptable pour l'ensemble de la société".
Jusqu'à trois ans de prison
L'association Aswat a lancé vendredi une pétition de soutien, en collaboration avec l'ONG All Out. Le texte, qui réclame la libération de Lahcen et Mohsine, a déjà recueilli plusieurs dizaines de milliers de signatures.
Au Maroc, l'homosexualité est passible d'une peine de trois ans de prison, selon l'article 489 du code pénal. Des condamnations pour "actes homosexuels" sont périodiquement rapportées par la presse marocaine. En mai, trois hommes ont écopé de trois années de prison à Taourirt, dans le nord-est du pays.
Deux mois plus tôt, l'ONG Human Rights Watch avait appelé le Maroc à dépénaliser l'homosexualité, après des condamnations à Al-Hoceima (nord-est).
Contradictions
Le débat a toutefois gagné en intensité avec les dernières controverses, dans un pays tiraillé entre mœurs conservatrices et proximité avec l'Occident.
Au lendemain de l'action des deux militantes Femen, quelque 1.500 personnes ont manifesté devant l'ambassade de France, arborant des pancartes "Pas de ça chez nous". De nombreux médias ont aussi dénoncé une provocation, en rappelant que l'islam est religion d'État au Maroc.
Mais le journal Maroc Hebdo, qui avait récemment titré "Faut-il brûler les homos ?", a été contraint de modifier cette Une à la suite du tollé provoqué sur les réseaux sociaux notamment. Au même moment, l'hebdomadaire Tel Quel exprimait, lui, un avis remarqué en faveur de la dépénalisation de l'homosexualité, dans un éditorial intitulé "Vivre et laisser vivre".
Via: rtl.fr
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