"La théorie du complot" se propage, de plus en plus, dans les milieux salafistes. Après avoir qualifié "le printemps arabe" du complot américo-sioniste, et traité les jeunes qui ont mené des manifestations (dont certaines sont tombés morts), au Caire et à Tunis, de "traitres", ils trouvent, aujourd'hui, dans le mouvement FEMEN, une cible favorite, en vue de faire croire à l'opinion publique, que "tout ce que vient de l'étranger", ne vise qu'à déstabiliser l'ordre public du pays.
De Rabat à Tunis, en passant par Alger, des propos anti-FEMEN, et contre le combat de l'émancipation de la femme arabe, ont été, ces derniers jours, lancés par des groupes et des individus salafistes, salués par des journaux, visiblement indépendants, mais réellement, ils dépendent des régimes officiels.
Ces mêmes salafistes, qui dominent aujourd'hui, l'école et la mosquée, et qui nourrissent leurs connaissances des œuvres de cheikhs "moyen-orientaux" étrangers, ne veulent pas reconnaitre que le FEMEN arabe a vu le jour, un siècle bien avant le FEMEN ukraine, avec notamment la féministe égyptienne, Huda Sharawi (1879-1947), pionnière des mouvements féministes du Tiers Monde, fondatrice de l'Union féministe égyptienne. Huda Sharawi qui a initié le premier congrès féministe arabe (1944), a inspiré des centaines de femmes arabes et musulmanes qui ont poursuivi, et poursuivent encore, son combat, notamment la romancière Nawal Essadawi.
"La femme" en générale est un tabou dans le lexique des salafistes. Ils refusent même de citer les prénoms de leurs femmes et leurs filles en public, se contentant souvent de les désigner de "zawja" ou bien de "bint", comme si la femme n'a pas droit à un nom patronyme. Ils ont honte de montrer leurs femmes en public, comme si elle était "une peste" à écarter, ou une "épidémie" à isoler.
Les groupes salafistes ont peur des militantes de FEMEN, car ils savent bien que, seules ces femmes rebelles, peuvent mettre en relief les "paradoxes" de leur discours religieux archaïque qui ne va pas avec les exigences du monde actuel. Un salafiste, à Alger comme à Tunis, ne peut pas défendre son opinion, que face à une femme "soumise", il tient sa force de "la complicité" des autres, et il sait d'ores et déjà que, demain, si on rentre dans un vrai débat, sur le statut de la femme dans le monde arabe, il se trouvera dépassé par l'actualité, incapable de recycler des idées et des thèses qui remontent au 6ème siècle.
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