Article mis à jour en fonction des dernières informations disponibles. Rafraichir
L'audition de l'ancien patron du FMI, au sujet de sa participation aux fameuses « parties fines » organisées par des amis lillois à Paris, Bruxelles et Washington, a débuté ce mardi matin. Costume bleu marine, cravate grise, mains jointes, Dominique Strauss-Kahn est apparu tendu devant le tribunal. L'audience a commencé par la lecture d'une lettre remise aux experts psychiatriques - l'ancien ministre a refusé de se soumettre à leur expertise. Dans cette missive, DSK dit n'avoir « commis ni crime, ni délit ».
Concernant l'organisation de soirées libertines, « quand on lit l'ORTC (l'ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, NDLR) on a l'impression d'une activité frénétique où tout le monde ne fait que ça », écrit l'ancien directeur général du FMI, qui regrette un mélange et une certaine imprécision dans les dates et souligne que les juges d'instruction lui reprochent une douzaine de rencontres sur trois ans, soit environ quatre par an. « Il n'y a pas eu cette activité débridée », plaide-t-il. Et d'assurer à nouveau qu'il ne savait pas que les filles qui participaient à ces soirées étaient des professionnelles.
Le témoignage clé de Mounia, ancienne prostituée
Les choses sérieuses ont véritablement commencé juste après cette lecture, avec le témoignage très important d'une certaine Mounia, petite brune au physique fragile. En 2009, elle a participé à l’une des « parties fines » incriminées avec Dominique Strauss-Kahn et ses amis lillois. C’était à Paris, à l’hôtel Murano. « Je savais, a dit Mounia à la barre d’une toute petite voix, que j’allais rencontrer Dominique Strauss-Kahn. On m’avait dit que j’étais là pour lui. On m’a fait prendre une douche, il fallait que tout soit bien organisé pour que la soirée se passe bien. »
« Une première fille, poursuit-elle, a eu une relation sexuelle avec lui. Ils sont redescendus en peignoir. Ensuite, c’était mon tour. » « J’étais consentante, précise Mounia, mais je lui ai manifesté quelques réticences par des gestes. J’ai beaucoup pleuré, DSK s’en est aperçu, c’est son sourire qui m’a le plus marqué. » « C’est dur de dire certains mots ? », l’interroge alors le président du tribunal, sans jamais prononcer le mot « sodomie ». « Je n’avais pas l’habitude de cela », répond pudiquement Mounia.
« J’avais très mal, mais il a imposé un rapport de force brutal »
« Est-ce qu’il a pu s’apercevoir que vous refusiez cette pratique ? », poursuit le président du tribunal. « Oui, répond Mounia, je pleurais, je lui disais que j’avais très mal, mais il a imposé un rapport de force brutal, il ne s’est pas arrêté. » « Etiez-vous consentante ? », interroge le président. « Oui, car j’avais besoin de cet argent. »
Ce mardi après-midi, Dominique Strauss-Kahn devra répondre à ce témoignage et présenter sa propre version des faits. Son audition complète par le tribunal correctionnel de Lille s'étendra jusqu'à jeudi. Sa ligne de défense : il ne savait pas que des prostituées rémunérées participaient à ces soirées privées. Sur ce point, ces derniers jours, d'anciennes professionnelles l'ont jugé bien « naïf » pour un homme ayant exercé de si hautes responsabilités. Poursuivi pour « proxénétisme aggravé », Dominique Strauss-Kahn encourt dix ans de prison si les juges n’envisagent pas la relaxe.
■ Procès DSK : les Femen s'en mêlent
L'arrivée de l'ancien patron du FMI, ce mardi matin, a été perturbée par une action de militantes du groupe Femen. Trois activistes aux seins nus ont tenté de se jeter sur le véhicule transportant l'ancien ministre, criant « Macs ou clients, déclarés coupables ! » Elles ont été maîtrisées par la police, mais l'une d'entre elles était parvenue à se hisser sur la voiture. Des dizaines de journalistes attendaient DSK devant le tribunal. Ce dernier est entré dans l'enceinte via le parking, une porte dérobée lui permettant d'éviter de traverser la véritable forêt de micros et de caméras déployée sur les lieux.
Via: rfi.fr
Short link: Copy - http://whoel.se/~nv9CR$5ov