Le Salon du Val-d’Oise est loin d’être « un salon d’intégristes », il est avant un espace de rencontres et d’échanges commerciaux dans lequel se mêlent des musulmans d’opinion diverses. Alors qu’est-ce qui ne va pas dans cet événement ? Pour un Salon « au féminin », la programmation est manifestement pauvre en femmes : sur les six intervenants invités, on ne compte qu’une femme, Nassima Prudor, sur le thème de l’égalité hommes-femmes. Le programme, qui met principalement en avant des ateliers de cuisine dirigés par la star marocaine Choumicha, reflète bien la quasi-absence de leadership au féminin parmi les musulmans en France. « Ignorer les femmes, ou comment détruire la communauté musulmane », disait en 2013 Fatima Adamou, contributrice régulière pour Saphirnews, ici.
Autre point à signaler, la cohérence idéologique des invités (à l’exception de Nassima Prudor) : les prédicateurs choisis par les organisateurs sont tous connus pour tenir un discours fortement inspiré de l’idéologie salafiste qui, sur la question des femmes, sont évidemment ultra conservateurs mais qui ont, pour la plupart, réussi à séduire un pan de la jeunesse musulmane grâce à la puissance des réseaux sociaux et d’une communication 2.0 bien rôdée.
Notons qu’aucun ne fait l’apologie de la violence envers les femmes mais il faut bien reconnaître que leurs discours au Salon ont été plus soft que ceux qui sont habituellement entendus dans leurs mosquées. Une simple analyse de contenus en ligne de leurs prêches offre à voir une infantilisation des femmes ou le refus de leur émancipation pleine et entière au nom de l’équilibre des rôles que chaque sexe devrait jouer... ou plutôt pour affirmer une domination masculine sans partage. L’on peut aussi s’apercevoir rapidement, dans de nombreux dars (sermons), combien les devoirs de la femme font l’objet de longs discours quand, en parallèle, ceux des hommes ne sont que peu relevés, le tout sur un ton culpabilisateur qui ne rend pas toujours service à des fidèles. L’exemple le plus parlant revient au port du voile qui devient une condition sine qua non pour s’assurer de ne pas tomber dans les flammes de l’Enfer. Le sens des priorités religieuses en revient bouleversé, ou quand l’apparence devient un gage de piété.
Au-delà de ce Salon, il est faux de dire que le sexisme et la misogynie n’existent pas du côté des musulmans. Mais personne n’a le monopole de la vertu. Il ne suffit pas de répéter, telle une incantation, que l’islam est une religion juste – et elle l’est dans son essence ‒ pour que ses adeptes soient tous justes… Parce que la faiblesse est inhérente à l’humanité, il reste encore énormément d’efforts à faire parmi les musulmans – comme ailleurs ‒ pour que les femmes aient la juste place qu’elles méritent, autre que celle d’une fille, d’une sœur ou d’une épouse mais celle d’une femme active et responsable, d’un leader… Mettre tous les problèmes sur le dos des hommes est aussi injuste : la condition des femmes dépend aussi d’elles-mêmes.
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Via: saphirnews.com
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