Le procès des Femen pour un happening en février 2013 à la Cathédrale Notre-Dame aura lieu mercredi. Qui sont ces militantes féministes qui créent la polémique à chacune de leurs actions ? Cinq questions / réponses pour le comprendre.
1) D'où viennent les Femen ?
L'organisation féministe a été fondée en Ukraine en 2008 par une jeune féministe, Anna Hutsol, notamment pour protester contre le boom du tourisme sexuel. Le mouvement a ensuite peu à peu essaimé dans plusieurs pays. Les Femen assurent aujourd'hui être présentes dans "onze pays au total", dont l'Espagne, l'Allemagne, la Hollande ou encore le Brésil.
2) Comment sont-elles arrivées en France ?
Inna Schevchenko, considérée comme l'une des cofondatrices et poursuivie pour blasphème en Ukraine, a fui à l'été 2012 vers la France, qui lui a depuis accordé le statut de réfugiée politique. Elle en a profité pour développer une base arrière des Femen à Paris. Leur branche française compte désormais "une cinquantaine d'activistes et environ 300 membres au total", avance leur leader pour metronews. "Toutes les branches de ce mouvement international sont articulées autour du siège français, qui est actuellement le siège principal des Femen", nous précise Inna Schevchenko.
Après avoir occupé un local dans le 18e arrondissement parisien pendant un an et demi, les militantes squattent désormais les bureaux vides d'une usine de traitement des eaux de Clichy-la-Garenne, dans les Hauts-de-Seine. Visées par une décision d'expulsion, elles ont été priées de trouver un nouvel endroit. "On va essayer de rester aussi longtemps que possible mais si vraiment nous devons partir, nous trouverons un autre local. On a de nombreux soutiens qui nous proposent leur aide", nous assure néanmoins leur représentante.
3) Quel est leur mode d'action ?
Les Femen mènent leurs actions seins nus, avec des slogans peints à même le corps pour marquer les esprits et attirer l'attention des médias. Au début, elles manifestaient habillées mais personne ne prêtait attention à elles jusqu'au jour où elles ont enlevé leur tee-shirt, avait expliqué la leader à 20 minutes. Elles ont théorisé ce féminisme radical, "certes agressif mais non-violent", qu'elles nomment "sextrémisme".
Parmi leurs nombreuses interventions, elles ont organisé en 2013 deux happenings seins nus à Paris dans la cathédrale de Notre-Dame et l'église de La Madeleine. En 2012, elles avaient essuyé des coups en intervenant lors d'une manifestation des intégristes de Civitas contre l'ouverture du mariage aux couples homosexuels. Se considérant comme des soldats au service de la cause féministe, elles ont ouvert un camp d'entraînement en septembre dernier à Paris, afin que les activistes puissent physiquement et moralement se préparer avant les confrontations.
4) Comment sont-elles financées ?
Les Femen sont une association loi 1901 créée en décembre 2012. L'organisation ne bénéficie pas de subventions publiques, selon Le Monde qui a pu consulter les comptes de l'organisation en février. En 2013, leurs finances provenaient à 44% de dons (10.669 euros en 2013), à 23 % de droits d'auteur et à 19% de l'indemnisation de l'assurance à la suite de l'incendie de leur local. Le reste provient de la vente de produits dérivés, notamment de tee-shirts, sur leur site Internet.
En août dernier, l'ex-Femen tunisienne Amina a critiqué les finances occultes du groupe féministe quand elle en a claqué la porte, l'accusant d'islamophobie. "Je ne veux pas être dans un mouvement où il y a de l'argent douteux. Et si c'était Israël qui finançait ?", s'était elle interrogée dans une interview donnée à l'édition maghrébine du Huffington Post.
5) Les Femen sont-elles une secte ?
S'interrogeant sur le caractère sectaire de certaines pratiques des Femen, le député UMP Georges Fenech avait saisi en février la Mission interministérielle de lutte contre les sectes (Miviludes) pour demander la dissolution du mouvement. Il avait notamment pointé du doigt la "contestation violente de l'ordre social", "la contestation violente de l'ordre religieux établi" ou encore "la profanation de lieux de culte, selon des méthodes répandues dans les mouvements satanistes". Mais la Miviludes lui a donné tort, reconnaissant que leurs actions ont "pu choquer l'opinion" mais qu'il n'existe "pas de faisceau d'indices suffisants" pour qu'elle soit considérée comme une secte.
Egalement attaquée par une ancienne militante dans une interview au Figaro sur la hiérarchie et l'atmosphère martiale qui régnerait dans le groupe, Inna Schevchenko n'avait pas démenti ces informations et les avait même justifiées auprès de l'AFP : "Femen n'est pas une bande de potes, mais un groupe militant. Nous sommes unies, non pas pour sortir boire des verres, mais pour se battre. L'atmosphère est martiale. Oui, nous avons une hiérarchie affirmée (...) qui nous permet de mener à bien des opérations complexes".
Via: metronews.fr
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