Rencontre avec Amina Sboui, l’ex-Femen rebelle

Aujourd’hui tu vis en région parisienne, où tu suis des cours afin de passer ton bac, tu as dû fuir la Tunisie ?
Pas fuir, non. Je ne bénéficie pas de l’asile en France. J’ai un visa étudiant qui me permet de rester en France jusqu’en août prochain. Et, grâce à l’intervention d’associations, comme Ni Pute Ni Soumise, je bénéficie d’une bourse d'Amnesty International. En Tunisie, plus aucun lycée ne veut de moi, j’y ai bien trop mauvaise réputation. Et puis, la Tunisie sous le gouvernement islamiste est devenue pire que sous Ben Ali.

Il y a un an, tu postais une photo de toi seins nus sur Facebook et devenais la première Femen tunisienne. Ensuite, tu as claqué la porte du mouvement… Que s’est-il passé ?
Je suis partie parce que le mouvement avait changé, de féministe il a glissé à antireligieux. Je n’ai pas aimé qu’elles brûlent un drapeau Tawhid. Ni, plus tard, quand elles ont fait irruption dans Notre-Dame. Leur combat pour la liberté et la démocratie est juste. Et je continue à croire qu’utiliser notre corps pour revendiquer indépendance et égalité est efficace. Mais les gens sont libres de faire ou non partie d’une communauté. Je refuse d’appartenir à un mouvement qui s’attaque aux croyants quels qu’ils soient.

Tu as également accusé les leaders de Femen de manquer de transparence…
Le financement est douteux. Certains disent que c’est un groupuscule extrémiste sioniste derrière, d’autres que c’est un milliardaire allemand ou des lobbies américains… Je ne peux pas appartenir à un groupe sans savoir qui est susceptible de tirer les ficelles.

Les as-tu revues depuis que tu vis à Paris ?
Je les ai toutes revues quelques temps après mon arrivée à Paris. C’était très étrange : Inna (Schevchenko, ndlr) parlait, et les autres se contentaient de répéter la même chose. Aujourd’hui, je suis amie avec plusieurs militantes. On se retrouve parfois (rires) (Amina nous montre des clichés prises dans un photomaton avec deux Femen, toutes seins nus).

Pourquoi as-tu décidé d’écrire un livre ?
On a dit beaucoup de choses sur moi, et pour moi. C’était l’occasion de reprendre la parole et le contrôle. Ce livre est une façon de plus de mener mon combat. J’espère aider beaucoup de monde à réfléchir, sur le féminisme, le fait que si une gamine de 17 ans est capable d’agir, d’autres devraient en faire autant.  Et, plus trivialement, l’argent du livre va me servir à ouvrir un centre d’hébergement pour les femmes qui sortent de prison en Tunisie afin d’aider à leur réinsertion dans la société. J’ai déjà des bénévoles prêts à se lancer dans l’aventure, psychologues, assistants sociaux.

Amina
Amina

® Fabien Breuil

Dans le livre, tu racontes tes mois d’incarcération avec beaucoup d’humour. Est-ce un signe d’inconscience ou une façon de te protéger ?
Je ne suis pas une victime, je refuse de me voir comme telle. Et puis, je ne suis pas larmoyante. C’est pas mon truc. Je préfère l’humour noir. C’est certainement une façon de me protéger aussi. Mais il ne faut pas croire : la prison m’a changée. Par exemple, avant j’étais anti-pute. Mais derrière les barreaux, j’ai côtoyé plusieurs prostituées qui m’ont confié leur histoire. Je me suis dit que si j’avais vécu ce par quoi elles sont passées, j’aurais fini pareil. Ça m’a aussi renforcée dans l’idée que les femmes n’ont pas les mêmes droits que les hommes. En Tunisie, les femmes emprisonnées, ou qui ont un passé de prisonnière, sont les invisibles de la société.

Quel regard portes-tu sur ton pays, sur la Tunisie d’aujourd’hui ?
J’étais dans la rage après la révolution, le Printemps Arabe, qui devait nous apporter la liberté et qui finalement nous avait été confisqué. Je suis dégoutée par l’après Révolutions. Les islamistes ont confisqué notre Révolution. Et les partis de gauche tunisiens n’ont rien fait pour les en empêcher. La condition des femmes est encore pire que sous Ben Ali. On ne peut pas continuer à accepter que les femmes soient humiliées et considérées comme la moitié d’un homme.

Quelle est ta définition du féminisme ?
Il y a autant de féministes qu’il y a de femmes. Une femme qui porte la burqa peut être féministe. De même qu’une femme d’Église. Pour moi, le féminisme c’est lutter contre l’inégalité hommes-femmes. Et pas seulement dans la rue, ça peut être un combat du quotidien face à son mari par exemple.

Dans ton livre, tu reviens sur ta fugue. Tu racontes qu’un cousin t’a kidnappé, et que plusieurs membres de ta famille, dont ta mère, t’ont ensuite agressée et séquestrée.  Puis, soudainement, ils t’auraient laissée tranquille, comment expliques-tu un tel revirement ?
Mes avocats, et des personnalités de l’élite tunisienne, ont rencontré mon père. Ils ont longuement discuté ensemble. Mon père a pris conscience que mes actions n’étaient pas une simple rébellion d’adolescente mais un réel engagement. Désormais, il me soutient. Ma mère, c’est différent. J’ai accepté ma mère telle qu’elle est. C’est une vieille dame, on ne la changera plus, je crois.

Ne t’es-tu jamais sentie dépassée par toute cette médiatisation ?
Ceux qui me détestent me présentent comme une folle, ceux qui sont d’accord avec moi me porte en héroïne, je ne suis ni l’une ni l’autre. Je n’ai que 19 ans.  Mon but, c’est d’éveiller les consciences, pas de résoudre tous les problèmes. Je suis Amina la féministe, mais je ne suis pas et n’ai jamais été une wonderwoman.

A lire demain dans Grazia : "Amina Sboui : sous l'insurgée, la sage"

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Photos : Fabien Breuil pour Grazia
Maquillage : Serena Forgeas

Habiba - 27/02 à 22:11

Amina a été financée par des sionistes. Elle a été soutenue par Nadia El Fani. Quand on voit les noms des gens qui ont financé sa venue c'est assez clair.

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Via: grazia.fr


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