Bien que leur tactique leur permette difficilement d’élaborer leur argumentation – «Fuck le Grand Prix», on en conviendra, c’est plutôt mince – je suis tout à fait d’accord avec l’idée des FEMEN de briser le consensus entourant la présence de la F1 au Canada.
Oh, vous lirez peut-être quelques critiques sociales ici et là, mais vous verrez surtout dans les médias des galeries photos de belles personnes en beaux habits, de soirées auxquelles vous aimeriez (ou pas) avoir accès, et vous verrez beaucoup José Gaudet. Ce n’est pas tant que des topos légers sur ces événements pétillants soient réalisés qui m’embêtent. C’est l’absence de regard critique de la part de médias sérieux qui me laisse pantoise.
Il y a un glissement dangereux quand un chef d’antenne ne voit pas d’accroc à la neutralité qu’on attend de lui lorsqu’il dit des choses comme «heureusement, le Grand Prix est toujours aussi populaire cette année». Comme si 100% de la population estimait que c’est objectivement une bonne chose que cet événement où pitounes, cash et gros chars s’allient comme la sainte-trinité demeure aussi couru.
Les organisateurs du Grand Prix se sentent peut-être dédouanés de toute critique environnementale, puisqu’on est vert, cette année, on roule en V6. Ils ne sont malheureusement pas au bout de leurs peines avec la critique sociale. Alors qu’on se félicite de faire partie de l’élite dans les soirées qui entourent cette célébration annuelle de l’automobile, c’est tout un réseau de prostitution juvénile qui s’orchestre en arrière-scène des paddocks du Grand Prix. Célébrons le Grand Prix, cette période de l’année où les Centres jeunesses se vident de leurs éléments les plus vulnérables à la faveur d’un tourisme sexuel saisonnier.
Avec nos taxes, il va de soi : 15 millions de dollars sortent de nos poches pour aller dans celles de Bernie Ecclestone – c’est-à-dire pas le plus grand humaniste au monde. Vous me direz : «oui, mais il y a des retombées à ça». Je suis tout à fait d’accord, mais est-il vraiment nécessaire d’investir des fonds publics dans ça précisément? Dans ce genre d’événement incapable de générer de l’argent sans cultiver à côté des valeurs selon lesquelles les femmes sont des objets, les chars sont valorisés, et où l’argent nous permet d’acquérir les deux? La semaine dernière, certaines personnes se révoltaient que C2MTL, un événement assez exclusif auquel une poignée de privilégiés peut assister ait bénéficié de subventions de 2,5 millions de dollars. Évidemment, cet événement aussi génère des revenus, en plus de cultiver la créativité, une qualité nécessaire à un écosystème entrepreneurial innovateur. S’il faut choisir ses combats, je préfère qu’on finance l’événement qui, surtout, génère le moins de prostitution juvénile.
Quant à la présence des FEMEN au Grand Prix, quoi de mieux pour remettre en question l’ordre patriarcal que de crasher un party strass et paillettes en tenue d’Ève de guerrière? Vous en voulez des boules? On va vous en donner.
Via: journalmetro.com
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