La Femen Amina, le rappeur Weld El 15, Jabeur Mejri et Ghazi Beji, auteurs d'un livre considéré comme blasphématoire… La liste commence à être longue des condamnés pour des délits d'opinion en Tunisie. Et à la veille de la visite d'Etat de François Hollande, la société civile tunisienne en appelle au chef de l'Etat français afin qu'il plaide pour le respect des libertés individuelles en Tunisie ces 4 et 5 juillet.
Certes, entre les entretiens avec le président Marzouki et le président de l'Assemblée constituante Ben Jaafar, François Hollande a fait inscrire à son programme deux rencontres : l'une avec des jeunes du milieu associatif tunisien, l'autre avec des personnalités de la société civile. Mais cela ne suffit pas aux associations qui attendent davantage.
Les jugements sévères – prison ferme – à l'encontre d'artistes ou militants associatifs et syndicaux pour des actions non violentes se succèdent ces dernières semaines et inquiètent.
"Nous sommes atterrés par le manque de liberté individuelle actuellement. Il y a eu Amina, il y a eu Weld El 15, les trois militantes Femen françaises et allemande… mais pas seulement ! Il y a également eu des procès d'activistes arrêtés lors de mouvements sociaux qui sont de plus en plus criminalisés. Il y a une tendance générale très inquiétante", souligne Ahlem Belhadj, présidente de l'association tunisienne des femmes démocrates.
Une ère nouvelle pour la Tunisie
"Dans cette ère nouvelle pour la Tunisie, personne ne devrait être poursuivi pour avoir exprimé son désaccord avec l'opinion dominante sur le plan politique, religieux ou culturel", a souligné l'ONG Human Right Watch qui appelle "le président Hollande à user de l'influence de la France, comme partenaire économique clé et comme allié stratégique, pour faire pression sur la Tunisie pour qu'elle protège la liberté d'expression" dans le pays.
Malgré l'allègement des condamnations des Femen occidentales et du chanteur Weld El 15 en appel, l'inquiétude perdure dans le pays.
"La liberté d'expression, ça s'exige. C'est ce que nous avons fait avec les militants des droits de l'homme pour défendre Weld El 15. Et nous sommes parvenus à préserver cet acquis de la Révolution, le seul qu'il nous reste aujourd'hui", estimait Thameur Mekki , porte-parole du comité de soutien du rappeur, peu après l'annonce de sa libération. Et, dit-il : "le combat continue pour préserver la liberté d'expression, mais, maintenant, place au débat public".
Pour la FIDH, il est également du devoir de François Hollande de s'engager pour le respect des droits humains en Tunisie : "La visite du chef de l''Etat français, l'un des principaux partenaires de la Tunisie, doit être l'occasion d'aborder sans ambages les dossiers les plus sensibles en matière de droits humains sous peine non seulement de passer sous silence les violations et dysfonctionnements constatés mais également de fragiliser le combat des défenseurs qui luttent non sans risque pour une Tunisie respectueuse des droits universels".
La jeune Amina Sbouï est toujours en détention depuis la mi-mai pour avoir écrit "Femen" sur le muret d'un cimetière en protestation contre un rassemblement salafiste.
Le président entendra-t-il la voix de la société civile tunisienne ?
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