UKRAINE. Les femmes à l’heure de l’Euro 2012, entre crime glauque …

L'histoire d'Oksana Malar est épouvantable : cette Ukrainienne de 18 ans a vécu un véritable calvaire dans la nuit du 9 au 10 mars à Mykolaïv, une ville dans le sud du pays grande comme Toulouse. Ce soir là, trois jeunes hommes l'attirent dans un appartement et se mettent tour à tour à la violer. Les circonstances des faits sont particulièrement glauques et aboutissent à une stupide erreur d'appréciation des agresseurs qui croient leur victime morte.

 

Des militantes du mouvement Femen en Ukraine, le 15 mars 2012 ( Efrem Lukatsky/SIPA)

Des militantes du groupe "Femen" en Ukraine, le 15 mars 2012 (Efrem Lukatsky/SIPA)

 

Ils l'emmènent alors sur un terrain en construction pour mettre feu à son corps qui − malheureusement − est toujours bien en vie. Brûlée à 55% du corps, la jeune femme a été consciente pendant l'essentiel de son calvaire et s'est réveillée à l'hopital avec les pieds et le bras droit amputés. Elle y est toujours admise dans un état critique.

 

Ce qui a le plus choqué les Ukrainiens, c'est la conclusion de cette sombre histoire : les trois violeurs ont été rapidement arrêtés, mais relâchés quelques heures plus tard. L'un d'entre-eux est le fils d'un ancien responsable de l'administration régionale, et l'autre celui d'un ancien procureur, deux personnalités locales qui auraient donc bénéficié d'un système outrageusement corrompu.

 

Révélé dans les colonnes d'un tabloïd ukrainien, ce passe-droit sordide a révulsé la population : la mère de la victime a fait part de son dégout dans une interview et des photos particulièrement choquantes de sa fille ont été publiées. Les trois complices ont rapidement été arrêtés à nouveau.

 

Les Ukrainiens, mais aussi de nombreux Polonais et Russes, se sont incroyablement mobilisés sur les réseaux sociaux pour venir en aide à la famille d'Oksana pour qui le prix des soins médicaux sera extrêmement lourd comparé au niveau de vie local. 

 

L'histoire montre aussi le peu d'importance que la société ukrainienne accorde à l'égalité des sexes. 

 

Là-bas, la famille a conservé un rôle traditionnel dans lequel le père travaille et paie les factures pendant que la mère s'occupe du foyer et de la famille. L'âge moyen du premier enfant ne doit pas dépasser les 23-24 ans. Dans ce modèle, la femme a rarement les mêmes droits. La violence domestique, par exemple, n'est toujours pas devenu un sujet de société dans les pays de l'Est.

 

Les Femen, ces féministes peu orthodoxes

 

C'est dans ces conditions assez désespérées que l'on peut mettre en perspective l'activisme des Femen. Ces militantes sexy ont l'habitude d'hurler des slogans féministes la poitrine à l'air (des images qui leur valent des soucis sur ces réseaux sociaux qui ont tant fait pour les libertés). 

 

Des militantes du groupe Femen en décembre 2011, en Ukraine (SIPA)

Des militantes du groupe "Femen" en décembre 2011, en Ukraine (SIPA)

 

En quelques mois, les Femen sont passés des sites russes à ceux d'actualité internationale : elles ont multiplié les déplacements et monétisé leurs actions en lançant une gamme de produits dérivés. Leurs dernières cibles vont d'ailleurs dans tous les sens : on a pu les voir chez le Pape, chez DSK, chez Berlusconi, à Davos, etc.

 

 

 

Autant d'épopées qui finissent généralement au poste de police, sauf en Biélorussie, ce pays dont le président a récemment rappelé qu'il vaut mieux être "un dictateur qu'un pédé".

 

C'est dans la dernière dictature d'Europe que trois jeunes femmes du mouvement ont eu la surprise d'être kidnappées puis emmenées nues par -5° dans une forêt avant d'être aspergées d'huile.

 

 

On en a peu parlé, la Biélorussie n'en a rien eu à faire, et l'Ukraine a condamné du bout des lèvres.

 

Le pouvoir Ukrainien, justement, se comporte à l'image de la dernière prestation de l'un de ses représentants dans un débat à la télévision : indifférent et agressif, il a traité une membre des Femen de "prostituée alcoolique".

 

L'extrait en dit plus que n'importe quel discours :

 

 

 

Tout cela est regrettable à beaucoup d'égards. Pour les femmes du pays évidemment, parce que les Ukrainiens sont les premiers à rappeler qu'elles sont les plus belles du monde. Ils mériteraient d'y réfléchir.

 

Pour l'Ukraine ensuite, parce que ce pays qui s'est tant battu pour organiser l'Euro (le nom de la compétition prend tout son sens) n'a finalement jamais voulu se rapprocher d'un mode de vie plus occidental.

 

Certes, ils ont fait fermer les casinos qu'on trouvait à tous les coins de rue, mais il n'y eu aucune véritable avancée de société, et on parle des femmes comme on pourrait évoquer l'alcool, la sécurité routière, ou la situation politique * : l'Ukraine a finalement raté une immense occasion d'entrer dans l'Europe, la vraie.

 

 

* Tous ces liens ont moins de deux semaines.

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Via: leplus.nouvelobs.com


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