PARIS (Reuters) – Une ex-militante des Femen a été condamnée mercredi à un mois de prison avec sursis pour exhibition sexuelle après avoir mené une action seins nus dans l’église parisienne de la Madeleine, en décembre 2013, pour protester contre des restrictions du droit à l’avortement alors envisagées en Espagne.
Elle a également été condamnée à verser 2.000 euros de dommages et intérêts au curé de la Madeleine.
Eloïse Bouton a annoncé qu’elle ferait appel.
Le parquet avait requis sa condamnation à trois à quatre mois de prison avec sursis et à une amende de 1.500 euros.
« Je suis quand même hallucinée qu’en France aujourd’hui on soit condamné à de la prison (…) pour exhibition sexuelle alors que c’est un acte militant féministe », a dit à la presse la jeune femme de 31 ans.
« Femen n’a jamais été condamné dans aucun autre pays pour exhibition sexuelle », a-t-elle ajouté, citant la Tunisie, la Turquie et l’Ukraine. « Pour un état démocratique, je trouve ça assez étonnant. »
Me Laurent Delvolvé, avocat du curé de la Madeleine, a de son côté salué la décision du tribunal correctionnel.
« Le tribunal vient rappeler que l’on ne peut pas faire n’importe quoi au sein d’un édifice religieux », a-t-il dit. « Le diocèse de Paris considère que c’est une juste reconnaissance de l’atteinte qui a été portée (…) au libre exercice du culte et à la liberté religieuse. »
Une autre militante des Femen avait été condamnée le 15 octobre dernier à 1.500 euros d’amende pour exhibition sexuelle après avoir mené une action seins nus au Musée Grévin, où elle avait attaqué la statue de cire du président russe Vladimir Poutine, quelques heures avant son arrivée à Paris.
Il s’agissait alors d’une première, selon son avocate Marie Dosé, qui avait fustigé une décision tendant « à empêcher (les Femen) de protester ». Les manifestations seins nus sont en effet leur marque de fabrique.
L’avocat d’Eloïse Bouton, Me Michaël Ghnassia s’est étonné de la différence entre les deux peines, avec une amende d’un côté et de la prison avec sursis de l’autre. « On a l’impression qu’on reconnait la liberté d’expression des Femen jusqu’à un certain stade », a-t-il dit mercredi. « Mais une infraction pénale n’est pas un problème de lieu où ça se produit. »
Neuf Femen jugées pour la dégradation d’une cloche de Notre-Dame de Paris lors d’une action dans la cathédrale en 2013 ont été relaxées le 10 septembre par le tribunal correctionnel de Paris. Elles n’étaient pas poursuivies pour exhibition sexuelle. Le parquet a fait appel.
Né en Ukraine en 2008 et basé depuis 2012 à Paris, le mouvement mène régulièrement des actions à l’international pour dénoncer entre autres le sexisme.
(Chine Labbé, édité par Gérard Bon)
Via: bvoltaire.fr
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