Une féministe portée disparue en Tunisie – Ouest

Tunis. Correspondance

L'inquiétude est vive, chez les féministes : depuis quelques jours, Amina, la fondatrice de la branche tunisienne des Femen ¯ ce groupe contestataire féministe d'origine ukrainienne connu pour défiler seins nus ¯ est introuvable. Ses camarades redoutent que des islamistes ne soient à l'origine de sa disparition.

Lorsqu'elles créèrent le mouvement, au lendemain de la révolution, en mars 2011, les militantes, toutes étudiantes, n'imaginaient pas en arriver là. « On s'était battu pour dégager Ben Ali. On voulait une société où la femme aurait toute sa place, sa liberté, raconte Sarra, 21 ans, étudiante en médecine à Tunis. Avec quelques amis, nous avions découvert l'existence des Femen sur Facebook. On a décidé d'en créer une branche en Tunisie. »

Avec une interrogation, déjà : comment concilier le style provoquant des Femen et la culture arabe ? « Nous en avons beaucoup débattu. Par exemple, il était inimaginable de défiler seins nus en Tunisie. On se serait fait lyncher. Personne n'aurait compris. Mais nous avons gardé cet esprit de provocation quand nous défilons. »

Sur les T-shirts des militantes, le logo des Femen, représente des seins. Et leurs slogans féministes tranchent avec ceux qu'on peut lire dans les manifestations : « Vous faites de nous des putes, nous ferons de ce monde un bordel ! » Si elles étaient parfois agressées, jusqu'à présent, cela n'était que verbalement.

Mais il y a quinze jours, Amina a décidé de monter d'un cran dans la provocation. Avec une autre jeune femme, elle a posté sa photo seins nus sur la page Facebook de l'association, avec ce slogan écrit sur son corps : « Mon corps m'appartient. Il n'est l'honneur de personne. » Les islamistes se sont immédiatement déchaînés. Le site des Femen a été piraté, des menaces de mort proférées. « Si Dieu le veut, ces saletés vont disparaître de Tunisie », pouvait-on ainsi lire sur le site. Adel Almi, le médiatisé président de l'Association centriste pour la sensibilisation et la réforme, a également appelé à punir la jeune femme.

Pour les Femen, cette disparition, si elle est confirmée, vient conforter la certitude que « nous assistons à la naissance d'une nouvelle dictature, puissante, car elle est religieuse. Ennahda, le parti islamiste au pouvoir, voulait remplacer le principe d'égalité homme-femme dans la constitution par « la femme est complémentaire de l'homme ». La mobilisation l'a fait céder. Mais jusqu'où iront-ils ? »

Via: ouest-france.fr


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