Une Ukrainienne, figure de proue des Femen, devient réfugiée …

Paris est bien la base du nouveau féminisme. Inna Shevchenko, l'une des figures de proue du mouvement Femen, regroupant des militantes dont la particularité est de défiler seins nus, a obtenu le statut de réfugiée politique en France. La jeune femme de 23 ans était arrivée en août 2012 avec un visa de touriste. Elle avait fui l'Ukraine après avoir scié, quelques jours plus tôt, une croix orthodoxe, en soutien aux Pussy Riot, ces musiciennes russes arrêtées pour avoir organisé une prière punk dans la cathédrale du Christ Saint-Sauveur à Moscou.

L'Ukrainienne Inna Shevchenko, militante féministe, le 8 juillet 2013 au Bateau-Lavoir, le QG des Femen, à Paris.

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Inna Shevchenko a obtenu son statut de réfugiée le 9 avril, au terme d'une procédure classique de plusieurs mois. Après son arrivée en France, elle a déposé un dossier à l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Elle a été ensuite reçue pour un entretien individuel. Les autorités françaises soulignent l'autonomie de l'Office, qui ne se prononce pas en fonction d'intérêts diplomatiques. Ainsi, le ministère de l'intérieur déconnecte le cas Shevchenko du cas Edward Snowden, l'ancien employé de la CIA américaine, en rappelant que la requête de ce dernier n'était pas une "demande d'asile au sens propre", car il n'était pas "présent sur le territoire", contrairement à la jeune femme.

A sa création en 2008 en Ukraine, le mouvement Femen réunissait une poignée d'étudiantes à Kyiv, décidées à employer des méthodes classiques pour défendre leur dignité de femmes. Elles manifestaient avec des bannières et des slogans. Impact : nul. L'idée vint alors d'organiser une opération radicale, afin d'attirer l'attention : un happening seins nus. Mais il n'était pas encore question d'en faire l'identité du groupe. C'est la résonance de cet événement qui imposa la nudité comme "uniforme de combat", selon l'expression des militantes Femen.

La méthode détonna, dans une époque de marasme politique. La présidentielle venait d'avoir lieu, en février 2010. Les anciens chefs de file de la "révolution orange" de l'hiver 2004-2005, le président Viktor Iouchtchenko et la première ministre Ioulia Timochenko s'étaient égarés dans des luttes intestines et avaient perdu le pouvoir.

Ce militantisme dur, sociétal, des Femen s'inscrivait dans une défiance générale envers les élites. Restait à donner un contenu idéologique aux provocations nues. Les médias internationaux, fascinés par cette nudité féminine politisée, multipliaient les questions sur le sens et les revendications. Les Femen construisirent leur mouvement au fil des mois.

"GUERRE IDÉOLOGIQUE"

Cet effort idéologique, Inna Shevchenko le résuma dans une tribune, publiée le 10 avril dans le quotidien britannique The Guardian. "Ne vous y trompez pas : nous sommes en guerre. Il s'agit d'une guerre idéologique, une guerre du traditionalisme contre la modernité, de l'oppression contre la liberté, de la dictature contre le droit à la libre expression. Nous visons les trois principales manifestations du patriarcat : la religion, l'industrie du sexe et la dictature."

En Ukraine, où leur statut reste obscur, la popularité des Femen est très faible. Leur courage, voire leur imprudence, leur assurent un suivi médiatique. Ce fut le cas à Hanovre, début avril, lorsque trois militantes se précipitèrent vers Vladimir Poutine avec l'inscription "Va te faire foutre, le dictateur !" peinte sur le corps. Le mouvement a franchi les frontières pour la première fois en décembre 2011, en Biélorussie. Trois militantes qui avaient manifesté à Minsk contre le régime d'Alexandre Loukachenko furent, selon leurs dires, violentées par des agents du KGB, le service de sécurité biélorusse, puis abandonnées la nuit dans une forêt sans vêtements ni papiers d'identité.

Le 29 mai, trois autres militantes ont été arrêtées en Tunisie, alors qu'elles manifestaient en soutien à une jeune camarade loca le. En France, les Femen se sont engagées dans la bataille en faveur du mariage pour tous. L'organisation est installée à Paris dans le quartier de la Goutte-d'Or, au Lavoir moderne parisien, un théâtre où elles ont lancé un "camp d'entraînement international".

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Via: lemonde.fr


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