Affaire Jacqueline Sauvage : une manifestation pour réclamer …

"Justice complice des hommes violents", scandent les manifestants, armés de photos de Jacqueline Sauvage, ce vendredi, place de la Bastille, à Paris. Environ 150 personnes se sont réunies pour demander la grâce présidentielle pour cette femme de 66 ans, condamnée en appel en décembre dernier à 10 ans de prison pour le meurtre de son mari violent. Avec le système des remises de peine, ayant déjà purgé une partie de sa rétention, elle devrait sortir en janvier 2017.

"Jacqueline Sauvage est avant tout une victime de son bourreau, pendant 47 ans", souligne Véronique Guégano, l'une des organisatrices du rassemblement, trois anonymes touchées par l'histoire de cette femme battue et violée. "On ne demande pas un droit de tuer mais de prendre en considération son calvaire. C'est de la légitime défense." Une pétition pour que la grâce présidentielle lui soit accordée recueille déjà plus de 312.000 signatures sur Change.org. "Il est temps de comprendre que le privé est politique", ajoute-elle, citant une lettre qu'elle a envoyée à François Hollande après le verdict.

Trois coups de fusil

Les faits remontent au 10 septembre 2012, dans un pavillon du Loiret. Ce jour-là, après plusieurs années d'enfer conjugal fait de coups et d'abus sexuels sur elle et ses enfants, Jacqueline Sauvage craque. Une lèvre éclatée, elle charge le fusil familial et tire trois coups dans le dos de son bourreau. La cour d'assises du Loiret la condamne à 10 ans de réclusion. Une décision confirmée en appel le 3 décembre dernier. La légitime défense n'a jamais été reconnue.« "Ce n'est pas la grâce qu'il faut demander, c'est une justice moderne", gronde une manifestante entre deux slogans.»

Dans la foule, constituée en majorité de femmes, Marie-Claire Ruault, juriste, s'est déplacée "en soutien mais aussi parce qu'il est nécessaire et urgent de faire évoluer le droit sur la légitime défense", qui implique de répondre à une agression par un acte proportionné, immédiat et nécessaire. Le cas de Jacqueline Sauvage a ouvert le débat de la légitime défense différée, que voudrait voir inscrire dans la loi la députée Les Républicains Valérie Boyer soutenue par 36 autres parlementaires de la droite et du centre.

Pour les soutiens de la sexagénaire, ce jugement ne prend pas en compte les ressorts psychologiques de l'affaire. "Les magistrats ignorent le phénomène d'emprise et les cycles de violence qui s'appliquent dans ces affaires. Ils n'ont pas la formation nécessaire, observe Michèle Loup, vice-présidente de la fédération Solidarité femmes. C'est un jugement inique!"

Les Femen montent au créneau

Coiffée de couronnes de fleurs, un groupe de Femen s'est joint au rassemblement. "Justice complice des hommes violents", crient-elles le poing levé. Hier, sept militantes ont organisé une action coup de poing devant le centre pénitentiaire de Saran. "Nous avons creusé un trou pour l'aider à s'évader en signe de solidarité. Les Femen exige la libération immédiate de Jacqueline Sauvage, victime de violences conjugales et d'un système judiciaire tout aussi violent ", commente Sophia, qui n'exclue pas "d'interpeller le gouvernement de façon plus radicale" si ce dernier ne réagit pas à l'affaire.

"Très militant sur le droit des femmes", l'acteur Frédéric Bouraly s'est joint au mouvement comme sa consœur Anny Duperey : "Certes, elle a tué, il ne s'agit pas d'un acquittement, il s'agit, au regard de ce qu'elle a souffert, d'en prendre compte et de se dire que c'est complètement injuste de l'enfermer dix ans en plus après tout ça. C'est un cas de légitime défense, malgré tout", rapporte l'actrice. Pour Daniel Cohn-Bendit, qui s'était également exprimé sur Europe 1, ce vendredi matin, François Hollande doit accorder sa grâce. "Oui, ce qu'elle a fait est grave mais vraiment les circonstances poussent à l'acte", estimait l'homme politique et animateur de la radio.

"Je comprends son geste"

Devant l'Opéra Bastille, l'émotion suscitée par l'affaire Sauvage est forte. "Cette histoire m'a beaucoup touchée, je suis moi-même une ancienne victime et je comprends son geste", témoigne Natacha Rault, venue spécialement de Genève. Michèle, une manifestante, retient difficilement ses larmes, elle dénonce un jugement "inadmissible, les droits des femmes sont remis en question". Les soutiens n'ont à la bouche que le contre-exemple : l'affaire Bertrand Cantat, condamné à 8 ans d'emprisonnement pour le meurtre de sa compagne, l'actrice Marie Trintignant. "«Quand l'homme tue, c'est un crime passionnel. Quand la femme se défend, elle a toujours tort", s'agace Sophie, militante du collectif Osez le féminisme.»

L'avocate de Jacqueline Sauvage, Me Nathalie Tomasini, s'est faite porte-parole de la femme battue : "Elle pensait que la société ne la comprenait pas, mais grâce à vous elle tient bon". Pour l'instant, la demande de grâce présidentielle n'a pas obtenue de réponse. 

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Via: lejdd.fr


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