Amina Sboui, le 11 juin 2014, avant son procès à la suite de un activité à la Madeleine, en décembre 2013. (photo Kenzo Tribouillard. AFP)INFO LIBÉDans une lettre révélée par Libération, l'ex-Femen tunisienne avoue qu'elle a complètement inventé son agression par des salafistes, en juillet, à Paris, et demande pardon.
La lettre, Amina Sboui, 19 ans, la relit une dernière fois, sur une place de table blanc. Elle va l’envoyer au procureur. Elle commence à la réciter à haute voix : «Il m’a fallu beaucoup de temps, d’épreuves, d’échanges avec mes proches pour admettre que je n’étais pas tellement forte et tellement indemne que ce que je pensais, avec tout ce que j’ai vécu.» Elle sourit, un faible gênée, elle n’ose pas trop nous regarder dans les yeux. «Voilà, je suis désolée, j’explique ma faute», nous expliqué l’ancienne Femen, fameux pour avoir posé seins nus, en Tunisie, et avoir été emprisonnée pour cela.
Le 6 juillet dernier, elle poste un annonce sur Facebook. Elle raconte qu’au petit matin elle a été agressée par des salafistes dans le métro. Ils l’auraient insultée et rasé ses sourcils. L’information est reprise par les médias, la machine s’emballe. Problème, rien n’est vrai, elle a tout inventé. Très vite, le 14, elle est mise en garde à vue. La police l’accuse de «dénonciation mensongère», elle danger six mois d'emprisonnement et 7 500 euros d’ sanction . Elle se défend, continue d’asséner sa version. Lorsqu’on l’avait rencontrée, il y a trois semaines, elle maintenait toujours ses positions. Elle n’était pas encore prête à parler.
« Dès qu' j’ai posté ce annonce , j’ai oublié comme une conne que j’étais Amina Sboui, essaye-t-elle d' décrire . Pour moi, c’était un appel au secours pour mes copains , mes proches, ce n’était pas transmis à la presse ou à la police. Le problème, c’est qu’il y a plein de journalistes qui me suivent, qui ont débuté à m’ inviter à venir , à écrire dessus. Je ne pouvais plus dire que c’était une tromperie .»
Sentiment de solitude
« Dès mon exil en France, mes difficultés se sont accentuées. Tout en étant très entourée, j’ai fait l’expérience de la précarité et de la solitude, bien que je dois préparer mon futur », écrit-elle encore. Cette année, elle est entrée en terminale, elle espère atteindre son Bac à la fin de l’année. Elle touche une petite bourse, ce qui lui donne de survivre, vit parfois dans des squats, parfois chez des copains , ce n’est pas toujours évident.
«Je venais de déménager de chez une femme que j’aime beaucoup. Elle m’a sauvée en France. Au commencement , je n’avais rien, pas d’argent. Quant à en partant de chez elle, tout d’un coup j’étais très déprimée. C’était la France, sans personne, sans copains , sans famille, développe-t-elle. Un jour, je suis allée à l’hôpital pour une entorse et j’ai croisé juste un mec, dans la rue, qui m’a parlé, toutefois habituellement . Quant à en rentrant j’ai développé toute une histoire en rentrant à la maison.» Elle baisse les yeux. Elle garde son visage un faible mutique qu’elle arbore en toutes états , toutefois , ce mercredi soir, plus qu’à une militante sûre d’elle-même, elle fait penser à une adolescente esseulée. «Je ne me suis pas pas rendu est calculé , répète-t-elle. Ce n’était pas comme quand je me suis mise seins nus sur la page des Femen. Là, je savais qu’il y aurait des contrecoups .»
«Il y avait les gens qui ne me croyaient pas, toutefois aussi tous ceux qui me défendaient. Je ne pouvais pas dire que j’avais menti, c’était trop difficile , j’avais peur de les décevoir», précise -t-elle.
Elle sait que sa dénonciation imaginaire est une grande faute. Pas seulement pour elle, toutefois aussi pour toutes les causes et les femmes qu’elle défend. «Par ce mensonge, je suis consciente que je jette le discrédit sur la parole de victimes de violences sexistes et des intégrismes, quels qu’ils soient», écrit-elle dans sa lettre.
«On fait des fautes, on est humains»
Cela arrive parfois : à force de répéter la même histoire, on finit par se persuader soi-même. «Après la garde à vue à Paris, j’ai débuté à croire ce que j’avais inventé. On est tellement habitué, en Tunisie, à ce que les flics te mentent, que je me suis convaincue moi-même que je leur disais la vérité», avoue-t-elle. Il lui a fallu du temps pour repeter la trajectoire inverse.
«Au commencement , je me suis senti prise, enfermée, toutefois là, ça va mieux. Parler fait du bien, c’est important d’enlever ce poids. C’était une connerie, je sais.» Elle espère que les gens, ceux qui la soutiennent, vont lui pardonner. «On fait parfois des fautes, on est humains. C’est la première fois que je fais un truc pareil, c’est la dernière.»
Elle veut s’arrêter, un faible , prendre du recul. Elle a conscience que c’est aussi l’enchaînement des activités et des événements, le cas de ne jamais s'arrêter, qui l’a emmenée dans cette spirale. Mais, apres , elle recommencera à militer. Elle a déjà des idées. Elle signe la lettre, devant nous. Sur sa cuisse gauche, elle vient d’ajouter un nouveau tatouage, en anglais, à sa collection déjà nombreuse. Une citation attribuée à la peintre féministe mexicaine Frida Kahlo : «At the end of the day we can endure much more than we think we can.» «Au final, on est capable de supporter bien plus que ce que l’on croyait.»
La lettre d’Amina Sboui :
Amina Sboui : «Mon mensonge était un appel au secours»Source: liberation
Via: faitesvosjeuxsportifs.com
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