Dans les années 70, les féministes enlèvent leur soutien-gorge, acte d’émancipation qui a marqué des générations. Aujourd’hui, comme si l’histoire se répétait, les femmes protestent topless : Femen, Free Nipples, When Nurture Calls… Ça fait beaucoup de seins, et de seins bravaches, remontés, qui partent en guerre. Mais pour quoi au juste ? Justement, pour des raisons très diverses, ce qui fait qu’on s’y perd dans cette marée de seins dehors.
Il y a celles, comme Scout Larue Willis, la fille de Bruce Willis et de Demi Moore qui, en mai dernier, se balade seins nus dans les rues de New-York, pour dénoncer la politique d’Instagram. Non, non, non, on ne parlera pas d'enfants perdus... La plateforme de partage de photos en ligne censure en effet les images de seins nus. Résultat, elle poste ses clichés topless sur Twitter… Au début du mois, la très exhibe Rihanna, qui n’est pas à une provocation près, est arrivée au CFDA Fashion Awards, genre de cérémonie des Césars américaine de la mode, dans une robe, qui laissait voir à peu près tout, et particulièrement ses seins de face, ses fesses de dos. Un bon moyen de renvoyer la balle à Instagram qui l'avait elle aussi censurée. La ravissante Natalia Vodianova, sans doute la plus jolie femme du monde, poste sur Instagram une photo d'elle en train d'allaiter. C'est ravissant, surtout quand c'est Paolo Roversi qui shoote.
Mais est-ce que tout cela fait avancer le schmilblick ? Est-ce que tout cela n'est pas vain ? Féminisme 2.0, dénonciation justifiée d’un néo-puritanisme, ou mouvement qui préfigure un grand vide, pour ne pas dire, le vide absolu ? À l’heure du selfie roi, les valeurs actuelles semblent légèrement superficielles : culte du corps, exhibitionnisme sans limite. N’y a t-il pas une autre façon d’exister, de s'exprimer ? Et quelle est cette cause, qui veut que l'on se dénude pour un rien ?
L’exemple le plus flagrant, est celui des Femen, mouvement d’activistes ukrainiennes, qui depuis le début des années 2000, font parler d’elles en manifestant, lors de happenings où elles sont seins nus, et couronne de fleurs – très slave – sur la tête. Si ce sont les plus voyantes, probablement les plus militantes aussi, elles ont contribué à médiatiser le phénomène. Aujourd’hui, quand on n’est pas contente, on se met à poil. Ça vaut pour tout. J’ai un truc à dire : je montre mes seins.
À Rio, ce sont les partisanes du monokini qui manifestent topless : elles veulent pouvoir jouer au beach-volley seins nus. Ça c’est de la contestation pour un challenge capital. On continue ? La campagne virale américaine, When Nurture calls défend l’allaitement dans les lieux publics. Pas toujours bien vu. Au Chili, c’est aussi seins nus, que les femmes demandent plus de droits. L’enjeu paraît néanmoins plus important. Idem, en Chine : on enlève son soutien-gorge pour demander davantage de liberté d’expression. Voilà de vrais combats. Mais faut-il se dépoiler pour autant ?
La question que l’on se pose est la suivante, sans vouloir jouer le jeu des censeurs ou de passer pour réac : n’y a t-il pas un autre moyen pour protester ? Que dirait-on, si demain, les hommes sortaient nus dans la rue pour dire qu'il y a un truc qui ne va pas ? Trouverait-on ça drôle ? Mais enfin, quoi, rhabillez-moi ce sein…
Via: speedylife.fr
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