Ces Femen qui desservent le féminisme tunisien

Le feuilleton des FEMEN tient en haleine les médias depuis plusieurs semaines, et il n'est pas tout à fait achevé, malgré les condamnations de trois militantes européennes qui se sont dénudées devant le Palais de Justice de Tunis puisque le procès en appel est prévu vendredi 21 juin (reporté au 26 juin NDLR).

Quel que soit l'issue de l'épisode judiciaire, les FEMEN ont pour mérite d'avoir mis en avant la question essentielle de l'interprétation du féminisme, et de la multitude de ses définitions. Plus que jamais, on peut s'interroger sur le sens de cet ensemble d'idées politiques, philosophiques et sociales, dont les porte-paroles de son expression la plus spectaculaire, souhaitent aller au-delà du terme lui-même et en lui préfèrant néo-féminisme ou sextrémisme.

Des personnalités comme Caroline Fourest, ou Abdelwahab Meddeb soutiennent sans réserve l'action des FEMEN en Tunisie, en omettant dans leurs déclarations près d'un siècle d'histoire. Le féminisme dans le monde musulman n'est pas né avec la création d'une page Facebook, mais il est apparu dès les années vingt en Egypte. En Tunisie, Tahar Haddad, penseur et syndicaliste, diplômé de l'Université islamique de la Zaytouna a défendu au début du XXe siècle la participation des femmes à la vie politique, et c'est sur la base de ses travaux que s'appuiera le mouvement de réforme impulsé par Habib Bourguiba à la suite de l'indépendance.

On peut s'interroger sur l'acharnement des FEMEN sur la Tunisie, en effet, celles-ci s'agitent dans un pays où, en 1957 déjà, un régime juridique équitable a été consacré par le code du statut personnel qui permet aux femmes tunisiennes, par exemple, de divorcer sous des conditions extrêmement avantageuses. Dès le milieu des années soixante, les idées de lutte contre les discriminations à l'emploi et la question de l'égalité de la valeur de travail entre les hommes et les femmes étaient admises.

Evidemment le chemin vers une égalité réelle des droits, et l'amélioration des conditions d'existence des femmes en Tunisie est encore long. Mais c'est aussi le cas de la quasi-totalité des pays du monde. Sans pour autant, que les situations économiques, ou le degré d'avancement technologiques de ces mêmes pays soient un frein aux multiples violences faites aux femmes. Les indicateurs des pays européens ne sont pas bien encourageants, quand on sait qu'en France 1 femme sur 4 est victime de violences conjugales répétées. Mais le cas français n'est pas une exception puisque plus d'un tiers des femmes aux Etats-Unis ont déclarés avoir été victimes de viol, de violence physique, ou de harcèlement par leur partenaire à un moment de leur vie. Et malheureusement dans la triste compétition des violences envers les femmes, tous les pays peuvent figurer au classement.

Mais revenons à celle qui déchaîne les passions, la jeune Amina Souib. En effet de nombreuses femmes, et pas toujours celles auxquelles on s'attend, regrettent qu'en Tunisie cette jeune fille eût été érigée en icône de la lutte des femmes. La majorité des féministes tunisiennes reprochent à Amina de desservir leur cause en associant leurs actions sur le terrain, où elles tissent lentement mais sûrement les liens de confiance avec les femmes qu'elles aident avec de l'activisme spectacle. En effet, et c'est le principal reproche qui est fait au FEMEN en Tunisie, personne n'est capable de dire quel est le véritable objectif des FEMEN.

Les tunisiennes ont bien entendu les leaders du mouvement prétendre utiliser leurs seins comme arme politique, toutefois elles ne perçoivent pas l'idéologie de cette organisation, ni les idées révolutionnaires qu'elles défendent. Les mauvaises langues diront que l'ensemble du discours de ces femmes tient dans les quelques mots inscrit sur leurs torses nus, et qu'il n'y a rien de plus à en tirer. En réalité les FEMEN en Tunisie, sont devenues l'argument de choix de tous ceux qui veulent ridiculiser la cause des femmes.

Enfin, Amina vient rejoindre la longue liste des femmes-chouchous de la presse étrangère, comme Lina Ben Mhani, Aliaa el Mahdy ou Hirsi Ali qui ont toutes été érigées, à un moment donné, comme porte parole officiel de l'ensemble des femmes arabes et africaines. Des femmes entendues, et respectées à l'étranger, mais très souvent dédaignées par leurs propres concitoyens. Et cela non pas parce qu'elles dérangent, mais parce qu'elles contribuent à faire vivre les clichés sur les femmes du Sud en niant totalement le rôle essentiel que ces dernières jouent dans leurs sociétés respectives. Et à quel prix ?

Via: huffingtonpost.fr


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