Conférences du salon musulman : les propos qui ont fait polémique

L'excessive importance accordée au halal et au haram est une autre de ces formes identitaristes selon Oubrou, qui estime que la religion musulmane est d'abord une religion de foi et de sens.

«Le halal est devenu en France un marqueur sociologique d'une catégorie de musulmans. Le halal n'est pas une obligation, le halal c'est ce qui est permis.

Quand le permis devient une obligation, on est dans une aberration canonique.

Cette obsession de la pureté aboutit au fanatisme. La pudeur est la norme, le vêtement comme le comportement sont la traduction culturelle de cette norme et sont liés à des variables culturelles».

Hani Ramadan et la polémique de Thalys

La sortie polémique du prédicateur Hani Ramadan, le frère de Tariq Ramadan, qui dirige le centre islamique de Genève a été aussi évoquée.

Hani Ramadan dirige le Centre islamique de Genève.

Le prédicateur suisse avait dénoncé une mise en scène à propos de la remise de la légion d'honneur, en France, aux Américains qui étaient intervenus dans l'affaire de l'attaque du Thalys.

«Je ne suis pas d'accord avec ces réactions identitaristes», lui a répondu Oubrou. «Un homme religieux n'est pas un syndicaliste, c'est un homme de vérité qui porte une parole d'apaisement.

Que chacun reste dans son rôle. Quand l'homme religieux prend la place du représentant d'une communauté, là aussi il trahit le message de la religion».

La théorie du complot, une prison mentale

Quant à la théorie du complot, a relevé l'imam de Bordeaux, elle est une prison mentale qui empêche l'individu de voir la réalité telle qu'elle est. «C'est trop facile d'expliquer le monde par des forces invisibles.

On dirait que certains musulmans ont introduit un nouveau dogme dans l'islam, celui du complot. On dirait qu'il y a des gens plus forts que Dieu et qui dirigent le monde».

Ardent fédenseur du dialogue interreligieux, Tareq Oubrou a rendu visite au Pape François.

Autre sujet de fond, la distinction fondamentale à faire entre religion et politique. Une distinction qui n'est pas rupture souligne le religieux. «En tant que citoyen et croyant, il n'y a pas d'antinomie.

Je peux agir dans ma société à partir de mes convictions spirituelles tout en respectant l'ordre public et la vie commune. Il n'y a pas de contradiction entre l'aspiration à la Transcendance et le fait d'assumer sa citoyenneté.

On peut être un citoyen céleste et un citoyen terrestre sans conflit aucun. Au contraire, la religion apaise en principe le croyant pour mieux vivre avec les autres».

Religion et politique : distinction sans rupture

Jean-Jacques Bourdin s'est fait le porte-voix d'une question qui revient régulièrement sur le tapis, cette question qui se trouve constamment sur le bout des lèvres et qui est censée clarifier la fidélité et l'allégeance des musulmans à la Nation française.

Qu'est-ce qui prime, la loi de Dieu ou la loi de la République ? Aucune antinomie entre les ordres n'existe d'après Oubrou. «La loi religieuse renvoie le musulman à respecter la loi de la République.

Un bon musulman doit être un bon citoyen. L'islam est une religion, ce n'est pas un système politique. Ne mélangeons pas la logique d'une religion et d'une civilisation. La religion des musulmans français est l'islam et leur civilisation est occidentale».

Le sujet de l'exclusion a été questionné. Interrogé sur la tension sociale autour de l'islam, Oubrou s'est voulu rassurant. «Il ne faut pas dramatiser, la réalité est plus apaisée que ce qu'on peut en dire dans les médias.

Dans la réalité, il y a le chômage, la réussite scolaire et d'autres problèmes au quotidien qui occupent les esprits». Tout en mettant en garde contre les stigmatisations. «Les Français auront les musulmans qu'ils méritent.

Quand il y a l'exclusion, quand on renvoie les musulmans à l'étranger, ça peut créer des crispations».

Al Kanz : Oubrou est une «serpillière apparatchik»

Tareq Oubrou a également rappelé ce qu'était selon lui la vocation de l'islam et de la religion. «Une religion aide à intégrer le monde et une recherche de l'harmonie, de l'équilibre pas de la tension.

La tension c'est le propre du politique : le territoire, le pouvoir. La logique de la religion c'est de lier, c'est la paix. La spiritualité doit nous permettre de faire triompher l'esprit sur les instincts et les passions.

Si on arrive à expliquer à nos enfants le sens des pratiques, la religion est un moyen d'intégration et d'épanouissement».

Sur les réseaux sociaux, tout le monde n'a pas apprécié la sortie de l'imam de Bordeaux.

Fateh Kimouche, le gestionnaire du blog Al Kanz, média prosélyte proche de la ligne salafiste, a tancé Oubrou en des termes insultants et peu élogieux sur Twitter, allant jusqu'à le qualifier de «serpillière apparatchik», de «pur produit UOIF dans ce qu'il y a de plus indigne».

Une comparaison lapidaire avec l'imam décrié de Drancy, Hassan Chalghoumi est même établie. «Oubrou c'est Chalghoumi puissance mille. L'orgueil et l'aplaventrisme UOIFiste en plus», a-t-il tweeté.

Fondateur du blog Al Kanz, Fateh Kimouche a investi économiquement le très rentable marché du halal en créant la société Hidaya Group.

Une virulence qui ne s'explique pas seulement par des raisons idéologiques, mais aussi par des facteurs économiques. L'homme qui s'est spécialisé sur le business du halal y a investi de l'argent en créant son entreprise, la société Hidaya Group, offrant "une activité de conseil aux entreprises qui souhaitent s’adresser à un public musulman" selon les termes de Rue 89 qui avait consacré un portrait sur lui.

Ce qui explique la véhémence du fondateur d'Al Kanz, les positions de l'imam Tareq Oubrou sur le statut du halal venant contredire une stratégie marketing rentable axée sur le tout halal. 

Via: zamanfrance.fr


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