D’Amina Sebaoui à Hervé Gourdel : la crédulité criminelle

C’était en juillet dernier. On l’appelait alors Amina Sebaoui. Aujourd’hui, elle a perdu son honneur (!) et deux voyelles : la presse qui recueille (encore) ses confidences la nomme Amina Sboui.

Il faut dire que la jeune « martyre » tunisienne, à qui la France a offert son giron en avril dernier au titre de l’asile politique, est une bonne cliente. Comme je vous le disais alors, convertie aux Femen dans la Tunisie post-révolutionnaire, Amina avait exposé ses seins juvéniles sur sa page Facebook pour faire la nique aux barbus. Arrêtée, comme elle l’espérait sans doute, par les hommes au poil hirsute pour avoir tagué le mot « Femen » sur le mur d’un cimetière, elle entama sa carrière médiatique.

Arrivée dans notre beau pays au printemps, elle s’est vite fâchée avec les Femen, les accusant d’être financées par Israël. Alors, elle a tenté un coup. Comme bien d’autres avant elle, elle s’est inventé une merveilleuse agression : de méchants salafistes l’avaient attrapée un matin de juillet pour la sortir du métro place Clichy puis, menaçant de la violer, ils auraient commencé à lui raser les cheveux et les sourcils en lui récitant des versets du saint Coran. Des barbus coiffeurs, assurément, car le travail était fort bien fait.

Echaudés par des précédents retentissants, les policiers l’avaient placée en garde à vue pour « dénonciation d’un délit imaginaire ». Elle vient d’avouer, offrant sa longue confession à Libération. Ce délit imaginaire était « un appel au secours », dit-elle, envoyé à ses amis et à ses proches : « Ce n’était pas adressé à la presse et à la police. Le problème, c’est qu’il y a plein de journalistes qui me suivent, qui ont commencé à m’appeler, à écrire dessus. Il y avait les gens qui ne me croyaient pas, mais aussi tous ceux qui me défendaient. Je ne pouvais pas dire que j’avais menti, c’était trop dur, j’avais peur de les décevoir. » Amina victime de la bêtise militante de la presse, mais qui se confie encore et toujours à la presse, elle qui croit qu’il faut à tout prix montrer son cul ou ses seins pour exister.

Dans ses nouvelles confidences (elle se confie décidément beaucoup), Amina bat sa coulpe : « Je me sens coupable », dit-elle, d’avoir nui « à la cause que je défends si ardemment, à savoir celle des droits des femmes. Je suis consciente que je jette le discrédit sur la parole des victimes de violences sexistes et des intégrismes, quels qu’ils soient », ajoute-t-elle.

Victime, elle l’est, oui, assurément. Victime de sa bêtise, victime aussi de l’invraisemblable crédulité de notre monde, incapable de distinguer le vrai du faux, prêt surtout à porter crédit à n’importe quel bidonnage si l’audience est à la clef. Et donc incapable de protéger les citoyens contre leur propre naïveté, quitte à les entraîner vers la mort. Car d’une certaine manière, Hervé Gourdel, pour qui on a mis les drapeaux en berne, est aussi victime du bidonnage de la Femen que de sa naïveté. C’était un homme du « partage », nous dit-on. Sauf que tout le monde n’est ni beau, ni gentil, ni prêt à partager. On ne va pas randonner en Kabylie. Depuis le temps des légions romaines jusqu’à la guerre civile des années 90 en passant par la sinistre guerre d’indépendance, on y égorge les gens, on leur coupe les couilles, on les découpe à la tronçonneuse quand on ne cloue pas les enfants à la porte des granges. Des centaines de Français y sont morts, certains sont devenus fous d’horreur dans l’indifférence générale. On ne les a pas pleurés. On n’a jamais mis les drapeaux en berne pour eux – appelés du contingent – qui ont dû abandonner leurs frères harkis à une mort atroce.

On n’a voulu retenir de la guerre d’Algérie que les tortures de l’armée française, seule coupable. C’est de cela, aussi, qu’est mort Hervé Gourdel.

Via: bvoltaire.fr


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