Un comité d'accueil devant le tribunal correctionnel de Lille inattendu. Malgré un dispositif de sécurité hors norme, trois Femen ont perturbé l'arrivée du prévenu le plus médiatique du procès pour proxénétisme aggravé du Carlton de Lille, Dominique Strauss-Kahn. Les militantes ont tenté de monter sur le toit de sa voiture au moment où il s'engouffrait dans le parking, en criant "macs-clients déclarés coupables".
La scène n'a duré pas plus d'une minute mais elle préfigure une journée pénible pour l'ancien directeur du FMI. Dominique Strauss-Kahn le sait, sa vie personnelle - pour ne pas dire sexuelle - sera décortiquée pendant trois jours par le tribunal pour déterminer s'il pouvait ignorer que les femmes avec lesquelles il se livrait à des "parties fines" étaient des prostituées.
C'est par une porte dérobée que Dominique Strauss Kahn a rejoint la salle d'audience aux murs en lambris et plafond en béton. Un bref salut à David Roquet, l'un des trois autres co-prévenus dans ce volet, quelques phrases échangées par Fabrice Paszkowski et leurs avocats, avant de prendre place sur l'une des chaises pliantes dévolues aux prévenus.
"Je n'ai commis aucun crime, aucun délit"
La matinée est réservée aux examens de personnalité des prévenus. Quatre homme de taille et de corpulence différentes, tous vêtus de costumes sombres. Après David Roquet, taciturne, Fabrice Paszkowski, déterminé, Jean-Christophe Lagarde, bavard, le tribunal appelle à la barre DSK.
D'emblée, le président rappelle que l'ancien ministre a refusé de se soumettre à l'expertise psychiatrique. A la place, il remet à l'époque une lettre expliquant qu'il a le sentiment que cet entretien ne contribuera pas à la manifestation de la vérité et qu'il a la "certitude" que ses propos, tronqués, se retrouveraient "inévitablement" dans la presse, une fois qu'ils seraient versés au dossier. "Je n'ai commis ni crime, ni délit", débute la missive.
Dans ses déclarations spontanées, DSK évoque volontier son amitié avec Fabrice Paszkowski. L'entrepreneur lillois, spécialisé dans la vente de matériel médical, l'a aidé lorsque sa mère était gravement malade. L'ancien patron du FMI résume: "Lors de l'enterrement de ma mère, il y avait 25 personnes et il y avait Fabrice Paszkowski." Songeur, il ajoute: "On pourrait citer 1000 anecdotes avec Fabrice." Des anecdotes sur des déjeuners, des dîners, des réunions politiques, mais rien sur les parties fines.
"J'avais autre chose à faire"
Lorsque le président du tribunal tente de l'emmener sur ce terrain, DSK martèle sa ligne de défense.S'il ne nie pas avoir participé à plusieurs soirées libertines organisées par son "groupe d'amis", il réaffirme ne jamais avoir su que les femmes étaient des prostituées.
"Je ne m'estime en rien organisateur de ces soirées", a déclaré l'ancien patron du FMI, indiquant s'être toujours "considéré invité par (son ami) Fabrice Paszkowski". "Ce n'est pas la conception des relations sexuelles que j'ai de le faire avec des prostituées", a-t-il dit, "ça ne me plaît pas, parce que j'aime que ce soit la fête".
Il dénonce, une fois de plus et comme plusieurs autres prévenus, une instruction à chage. Il indique notamment que la fréquence de ses soirées a été largement amplifiée par les magistrats. "Quand on lit l'ORTC (l'ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, NDLR) on a l'impression d'une activité frénétique", où les dates se mélangent de manière imprécise, a regretté l'ancien directeur général du FMI. "Il n'y a pas eu cette activité débridée". Il conclut: "Nous communiquions souvent à l'époque, mais je le dis sans prétention, j'avais autre chose à faire."
"Deux orientations totalement différentes"
"Sur les mêmes faits, rappelle le tribunal en guise de conclusion de l'examen de personnalité des quatre prévenus, nous avons deux orientations totalement différentes." D'un côté, les juges d'instruction ont estimé que Dominique Strauss-Kahn avait connaissance du statut des participantes et qu'il avait participé activement au système mis en place en mettant à disposition des prostituées des locaux privés. D'un autre côté, le parquet avait requis un non-lieu à l'encontre de l'ex-patron du FMI.
A l'issue des débats, prévus pour durer au moins jusqu'au 20 février, le tribunal mettra sa décision en délibéré. Dans ce jugement à venir, l'une des deux "orientations" aura nécessairement été choisie. Reste à savoir laquelle.
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